Après qu'Akiko ait retrouvé l'usage de son bras grâce à Serena, Joey jeta un regard lourd à Tomas, prêt à appuyer sur la barre de fer. Le jeune homme s'était appuyé de tout son poids sur celle-ci, ne réussissant qu'à faire couler davantage sa plaie à la tête. Ils étaient fatigués... Ils ne savaient pas comment faire. Joey tomba les deux paumes par terre au premier essai, poussant un râle d'agacement.

Au bout d'un moment, sans trop savoir pourquoi, ils y arrivèrent. Ils aidèrent Nolan à se dégager de là, sa jambe en piteux état. Joey observa ses mains, toutes écorchées mais constata que si Nolan était blessé, il était tiré d'affaire... Du moins pour le moment. Ils entendirent alors un bruit inquiétant et des gargouillis répugnants qui se rapprochaient de plus en plus : des infectés. « Il faut qu'on se tire d'ici. » Joey n'avait pas du tout envie de s'engouffrer dans l'hôpital. Cependant, il réfléchi : si c'était la grue qui avait libéré des infectés venant d'ils-ne-savaient-pas-trop-où, il y en aurait probablement plus s'ils sortaient pas le trou provoqué par l'effondrement. De plus, la jambe abîmée de Nolan ne leur permettrait sûrement pas de grimper par-dessus les gravas.

« Faut rentrer dans l'hosto... Si cet endroit a été pillé, ça veut dire que des gens ont éliminé pas mal des infectés... » Annonça Joey en se relevant soudainement, cherchant des yeux le brancard « Si Tomas et moi portons Nolan, vous pourrez nous couvrir les filles ? » Joey posa ses yeux sur les deux femmes et s'accroupit pour aider Nolan à se dégager d'où ils venaient de l'extirper.

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Si je retiens un fou-rire nerveux en voyant Tomas se faire mal tout seul, je commence sérieusement à paniquer en voyant à quel point ils galèrent pour me sortir de là. Mais au final, ils réussissent à soulever le plus gros morceau qui bloquait ma jambe et ils m’aident à me dégager de là. La douleur augmente d’un cran alors que je finis par oser y jeter un œil et je déglutis longuement.

Okay, je dois me concentrer, faire un état des lieux, réfléchir. Sauf que ça commence à vraiment devenir flou dans ma tête. Je cille alors que je me rends bien compte que mon genou n’est plus dans l’axe. Et si je vois heureusement pas d’os à l’air,  je mise sur la double fracture tibia péroné. Vu que ma cheville est en train de pendouiller de façon pas du tout naturelle... « Bordel… » Point positif, c’est pas de la bouillie. Point négatif, je vais tellement douiller que, si je tombe pas dans les vapes dans les prochaines minutes, ce sera un miracle.

Je me frotte nerveusement le visage alors que je rassemble mes derniers neurones en état de marche. « Okay… faut m’entourer la jambe pour pas que je foute du sang partout. Surtout si on se barricade quelque part. Vu notre état, je nous vois mal sortir et affronter ce qu’il peut y avoir dehors… et vous ? Après faudra me faire une attelle. Pour qu'ça reste aussi droit que possible. » J’ai un regard en direction d’Akiko pendant que je dis ça, certain qu’elle sera tout à fait à même de s’en occuper. « … je… va falloir me … bâillonner. Je suis pas sûr d’être capable de me retenir de hurler de douleur quand vous allez me trainer. » Autant être conscient du problème au lieu de vouloir jouer au bonhomme. « Mais si vous le faites, je me dis qu’un seul suffira. Pour m’traîner. Je vais… essayer de tenir. Autant que possible. » Et je respire longuement, essayant de pas me focaliser sur la douleur ou sur le moment où je vais perdre connaissance. Avant de tendre mon écharpe à qui la voudra pour que ça fasse un bâillon acceptable.

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Finalement, le groupe arriva dans un cabinet, similaire à celui qu'ils avaient quitté. Celui-ci en revanche, étant en bon état. Le photographe aida ses camarades à installer Nolan sur la table. Joey fit volte-face après cela, puis fit un geste de la main à l'adresse de Tomas pour lui montrer l'armoire à pharmacie pour l'aider à pousser cette dernière vers la porte pour sécuriser l'endroit ne serait-ce que quelques minutes.

Joey souffla alors, jetant un oeil au cabinet, pour encrer dans son esprit l'espace dans lequel ils se trouvaient. Intérieurement, le photographe commençait à paniquer : ils étaient enfermés dans cet espace et l'intuition de Joey lui disait que personne ne viendrait. Mais il ne fallait pas perdre espoir : en cogitant et en prenant le temps de réfléchir intelligemment, ils pourraient s'en sortir. Joey n'avait aucune envie de mourir ici. Il voulait retrouver sa soeur, il voulait continuer d'évoluer au sein de ce groupe auquel il s'attachait de plus en plus. Il y avait également Selene : en pensant à elle, son coeur se serra. Ils s'étaient promis de ne pas se lâcher, il ne pouvait définitivement pas disparaître dans des circonstances si pathétiques.

« Okay. Bon. Okay. » Marmonna Joey en finissant de faire le tour de la pièce, avant de se diriger vers Nolan, jetant un oeil à sa jambe qui semblait en piteux état. « Il faut qu'on bloque sa jambe dans la bonne position, qu'on la comprime. » Joey jeta un oeil dans son sac : il restait quelques morceaux de tissus qu'il conservait toujours en cas de besoin. Il en avait déjà utilisé un pour comprimer la plaie qu'il avait au crâne, qui continuait de goutter paresseusement. Un mal de crâne le gagnait : il était épuisé. Mais l'état de Nolan l'inquiétait et il ne pouvait pas admettre qu'il avait grand besoin de sommeil.

Joey jeta un oeil à Tomas : « Ca va ton bras ? » Puis, il jeta un oeil entendu à Akiko, une femme pleine de sang-froid qu'il appréciait grandement. Elle était plus à même de constater les dégâts de la jambe de Nolan. Qui disait vétérinaire disait une meilleure connaissance médicale que la plupart d'entre eux, hormis Nolan lui-même. Malheureusement, ce dernier était en piteux état. Joey fit la moue et s'approcha tout près du petit groupe rassemblé autour de Nolan. « J'ai ramassé du désinfectant tout à l'heure si jamais...» Il faisait froid, se rassembler en un petit groupe uniforme leur permettait de se sentir plus en sécurité : un réflexe instinctif.

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Elle avait eu très envie de valser avec les morts, sur le coup. Défoncer un peu de cervelle bien fraîche, comme pour déverser son stress sur quelque chose. Mais elle n'avait pas le droit de se plaindre, pas après avoir enfin pu sortir Nolan de là, pas après avoir vu à quel point il souffrait. Enfin, les morts forçaient la mexicaine à faire un choix. Mais il était hors de question de se risquer dehors avec une équipe aussi amochée, c'était clairement du suicide. Joey pensait comme elle, tandis que le plus blessé du groupe donnait déjà quelques instructions par rapport à sa jambe. Personne n'avait osé le bâillonner, mais il avait géré. Et de ce fait, il gagnait pas mal de respect de la part de la militaire, d'ailleurs.

Watson avait semblé capter plus de trucs qu'elle au sujet de la blessure, avant de leur dire qu'il fallait bouger, et vite. Même si elle détestait l'idée de s'engouffrer là où il serait encore plus difficile de sortir, dans l'immédiat, ils n'avaient pas d'autres options. Elle avait fait un signe de tête à Joey, lui donnant le signal pour qu'il aide Nolan, avec Tomas. La brune avait repoussé quelques décomposés d'un coup de pied, avant de s'enfoncer plus loin avec le groupe.

Une fois l'armoire à pharmacie derrière la porte, Serena observa rapidement les lieux, question de s'assurer qu'ils étaient bien seuls. Tout allait déjà excessivement vite dans son crâne, autant parce qu'elle cherchait de possibles issues que parce qu'elle avait horreur de se sentir à ce point enfermée et impuissante. Elle déposa la trousse d'urgence trouvée plus tôt sur la table où était installé le doc, sans un mot, se disant qu'Akiko serait fort probablement la plus capable d'entre eux pour gérer tout ça. « Oui alors justement; Désinfectez aussi vos plaies. » dit-elle froidement. Elle ne voulait pas être méchante, mais il fallait littéralement qu'elle se contrôle pour ne pas devenir folle. « T'as besoin de quoi? » demanda-t-elle à la seule autre demoiselle présente. Aussi bien se rendre utile.

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Je pensais savoir ce que c’était que la douleur. Mais c’était avant de faire la connerie de tenter de marcher avec une jambe fracturée. Autant dire que là, je sais ce que c’est que d’avoir mal. Je sais même pas comment j’ai réussi à pas tourner de l’oeil ou à pas hurler comme un damné. Probablement parce que je me suis fourré le mouchoir d’Akiko dans la bouche pour que ça n’arrive pas. Parce qu’attirer l’attention des rôdeurs en plus du reste, ça aurait été… ouais bon, je préfère pas y penser.

Et, au moment où je crois tomber dans les vapes pour de bon, le froid de la table d’auscultation sur laquelle on m’installe me met un coup de fouet et me permet de tenir encore un peu. Je cille, recrachant le mouchoir et inspirant longuement alors que je regarde autour de moi, essayant de chasser les points noirs que j’ai devant les yeux. Et je secoue la tête. « Faut pas la comprimer. C’est un coup à ce que je la perde en cours de route. Mais ouais, faut la bloquer et… remettre le genou dans l’axe donc.» A cette pensée, je me sens pâlir un peu plus, même si je pensais pas que ce serait possible. « Faut… trouver de quoi faire une attelle. » Et j’inspire longuement une nouvelle fois, ouvrant et fermant les mains pour éviter qu’elles tremblent de trop.

« Serena a raison. Vous devez vous occuper de vos plaies. On va… la nuit va être longue. » Très longue. Et mon regard se reporte sur Akiko, à qui j’adresse un pauvre sourire. « Désolé, je crois que ça va être à toi de jouer. Je suppose que… tu sais faire. » Je sens que je vais de nouveau gober mon mouchoir moi. Et probablement tourner de l’oeil. Bon, on va se dire que déjà, on est toujours en vie, c’est bien non ? Pour combien de temps, j’en sais rien. Mais si on arrive à voir le jour se lever, je serais content.

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