Ses yeux bleus étaient rivés devant elle. Ne pas regarder les autres voitures qui dérivaient vers le village, garder leur objectif en tête. Couper le courant. Ils avaient foncé à travers champ dans les ténèbres, la carrosserie du 4x4 fouetté par les cultures qu’ils ruinaient sans honte. Le labeur de toutes ces personnes qu’ils étaient venus libérés qu’ils profanaient… mais c’était pour la bonne cause. Tout ce qu’ils avaient fait jusqu’à maintenant, les meurtres y compris, c’étaient pour la bonne cause.

Ils arrivèrent alors à l’installation électrique et bien entendu, ce n’était pas simple. Pour alimenter un village entier, ils avaient dû sortir les gros moyens et cette infrastructure leur crachait encore au visage toute l’avancée de New Eden comparée à eux. Selene chassa la désagréable impression d’être une femme de Cro-Magnon en guerre contre l’armée napoléonienne, elle déclara simplement au conducteur « Garde les clefs » et elle quitta l’habitacle sans trainer.

Certes, ils pourraient perdre de précieuses secondes s’ils devaient fuir en catastrophe, mais… si on les prenait à revers et qu’on leur piquait leur véhicule, ils seraient foutus. Définitivement. L’arbalète sur l’épaule, la musicienne dégaina son glock cette fois. La discrétion n’était plus de mise et s’ils tombaient sur des gens, elle n’aurait probablement pas le loisir de recharger entre chaque coup – surtout qu’elle n’avait pas beaucoup de carreaux.

- On reste ensemble mais on se dépêche, commanda-t-elle aux autres en s’engageant en tête, les yeux partout, on se couvre mutuellement, chacun une direction, qu’on ne les surprenne pas, ils devaient pouvoir tirer avant de se faire tirer dessus…, on peut essayer de commencer par celui-ci…, elle désigna le bâtiment le plus proche de leur arrivée (le 8 ). Ils devaient bien commencer quelque part…

Spoiler:

Les doigts fermement serrés sur le volant, jointures qui blanchissent sous la pression. Je suis concentré sur la route. A l'écoute des éléments, de ce qui m'entoure. Les pressentiments aussi même s'ils sont chaotiques. Je ralentis quand on approche des bâtiments, histoire de faire le moins de bruit possible. Je prends le temps de regarder avec attention tout ce qui se trouve autour de moi, me penchant vers l'avant pour avoir une meilleure vue d'ensemble. Je suis du genre observateur et il me semble que certains des bâtiments proches de nous ne sont pas forcément digne de notre intérêt. Je coupe le moteur et fourre les clefs dans ma poche sous la requête de Selene. Je ne perds pas de temps pour quitter moi aussi le véhicule et m'emparer d'un couteau dans chaque main. Mon revolver coincé dans ma ceinture, je préfère m'accrocher à mes armes de prédilections.

Je contourne le véhicule et viens rejoindre Selene pour entendre ses consignes. Je secoue la tête et pose une main sur son avant bras. Ok je n'apprendrais jamais qu'on ne touche pas les gens comme ça à tout bout de champ ! Je récupère ma main et me penche vers le groupe. Du doigt j'indique le bâtiment qu'elle a choisi ( 8 ) et tourne ensuite le doigt vers un autre un peu plus loin sur notre gauche (7). Ce sont des grands bâtiments, au toit haut. Je leur fais part de mon opinion.

On dirait des entrepôts ces deux-là. Je ne pense pas du tout que ce soit le genre de bâtiment qui sert a autre chose que du stockage. Pas à contrôler l'électricité en tout cas. On devrait longer les panneaux solaires et aller jusqu'aux plus petits bâtiments plus haut. (5 et 6) On devrait pouvoir les couvrir en même temps.

Je me redresse brusquement et lève mes mains armées devant moi. J'ouvre de grand yeux en regardant Selene.

Après c'est toi le chef ! C'est juste mon avis.

Ça pourrait presque faire croire qu'elle m'impressionne un peu ou alors tout simplement que j'ai bien écouté ce qu'elle a dit plus tôt.

Spoiler:

Trois ans plus tôt, j'aurais été incapable de participer à une opération pareille. Parce qu'on détruit et on tue. Combien sont déjà morts cette nuit ? On se rattache au fait qu'ils croyaient à autre chose, et que cette vision était mauvaise, mais une vie en vaut une autre. C'est le temps et la multiplicité des malheurs qui font qu'aujourd'hui, j'ai enfin ce détachement pour l'accepter. Assommer quand c'est possible, tuer quand c'est nécessaire. Et puis au pire, on les libérera d'une existence de merde.

J'descends de la voiture et acquiesce les indications de Selene. J'dégaine mon fusil, prêt à tirer sur un éventuel patrouilleur, et balaie rapidement les alentours plongés dans l'obscurité. On n'voit pas grand chose. Je suppose qu'on y gagne en discrétion.

J'tique brièvement quand Kaz touche le bras de Selene - les inconnus représentent toujours une sorte de menace. Mais je n'dis rien, me contente d'entendre sa remarque. "De toutes façons faut bien commencer quelque part." Et ne devinant pas de réticences de la part de la brune, je prends la suite du groupe, derrière Selene et Kaz, en direction des petits bâtiment.

Spoiler:

Durant le trajet, Isaac avait enfilé le gilet pare-balle que Selene lui avait mis de côté. Il le réajusta avant de vérifier le chargeur de son glock, son couteau n’avait pas quitté son étui à sa ceinture. Il avait également récupéré un talkie pour communiquer avec les autres groupes… Lorsque que le véhicule s’arrêta enfin, Isaac jeta un coup d’œil assuré vers Selene. Il n’eut rien à redire à l’annonce de son plan. C’était clair.

Une fois qu’ils furent tous sortis de la voiture, le petit groupe commença à avancer dans l’obscurité. Aux conseils de Kaz, ils ne s’attardèrent par sur les deux plus gros bâtiments. Alors qu’ils parvinrent discrètement jusqu’au premier bâtiment (le 6), Leila sursauta brusquement. Le vieux fronça les sourcils avant de souffler d’une voix basse « Leila ? Qu’est-ce que ? » Il remarque le visage apeuré de la jeune femme. D’un signe de la tête il indiqua aux autres de rester sur leur garde. Puis il longea le mur du bâtiment jusqu’à arriver à une fenêtre. Il jeta un œil à l’intérieur. C’était sombre, mais il put distinguer une sorte de bureau. Visiblement il n’y avait aucun signe de vie à l’intérieur. « Ça ressemble à un bureau. Ça a l’air vide. »

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La musicienne sursauta quand la main de Kaz se posa sur son bras. Il ne le savait pas, mais il venait de passer pas loin de prendre son coude dans le nez. Elle l’écouta néanmoins et à vrai dire : elle n’avait pas de meilleur plan à proposer. D’un hochement de tête, elle fit comprendre qu’ils suivraient ses conseils et mena la troupe en direction des petites infrastructures (5 et 6).

Toujours pas de garde, mais le tressaillement de Leila la fit tiquer. Tandis qu’Isaac inspectait l’intérieur d’un premier bâtiment (le 6), couvert par les autres, la pianiste épaula la sœur de Leila en scrutant les ténèbres. Pas de forme humaine à priori, mais…

- Les putains de chiens, marmonna-t-elle.

Elle avait pu les observer avec Duncan et Corray, elle savait que les New Eden en avait entraînés plusieurs à la garde et – potentiellement – au combat. Raison de plus pour rester groupés parce que s’ils se faisaient charger par un molosse, il faudrait éviter que l’un d’eux se fasse égorger dans leur dos.

- Ok, on passe au suivant, déclara-t-elle après les informations données par le doyen, on reste ensemble, tout en se décalant vers la suite, elle se mit à penser à mi-voix : si jamais ce n’est pas ici… les panneaux solaires sont forcément reliés à des batteries, non ? Sinon, pas de courant la nuit ni quand il fait trop moche, c’est con, on peut pas essayer de voir où les câbles se rassemblent et… les suivre ?

Car ils iraient forcément en direction des fameuses batteries justement… sauf s’ils avaient penser à enterrer les câbles. Et là, ils ne serait pas plus avancés.

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