Cette diversion avait marché du feu de Dieu, mais à quel prix ? Si le champs de bataille relevait d’une scène des plus macabres, l’amazone ne faisait pas vraiment dans l’état d’âme. Ils avaient fait ce qu’ils étaient venus faire. Et cela s’était joué au prix de leur vie, pour épargner la leur. Cela faisait trop longtemps déjà que Raina laissait les cas de consciences aux autres.

Il ne lui fallut pas très longtemps pour se rappeler dans quel groupe Isaac se trouvait quand Selene appela à l’aide dans le talkie de Duncan. La réaction du viking et du joueur de base-ball ne se fit pas attendre : ils allaient les aider. Un soulagement pour l’amazone qui n’avait pas vraiment l’intention de rester ici avec une potentielle horde en sachant la situation incertaine pour son compagnon.

C’est farouchement déterminée que Raina s’avança aux côtés de Duncan, mue par la besoin de retrouver Isaac, allant en première ligne sans réfléchir. S’il restait encore deux chiens, le problème fut rapidement expédié par elle et le viking. L’amazone s’était avancée avec rapidité et agilité jusqu’à l’animal qui tenta de la mordre en vain, sa lame se planta d’abord dans les côtes du molosse, avant de parvenir à enfoncer son couteau dans la gorge de l’animal. Ce n’est pas comme si elle n’était pas déjà complètement maculée de sang depuis le début, quasiment.

Tout danger écarté, elle chercha Isaac du regard, avant qu’Eli ne leur signale des personnes coincées à l’intérieur. Elle suivit Caleb et Joséphine à l’intérieur, jusqu’à tomber sur la silhouette du cavalier, avachi et replié sur lui-même. Sans un mot, l’amazone tomba à genoux à ses côtés. Les mains couvertes de sang, elle lui entoura son visage pour remonter son regard jusqu’à elle. Le regard qu’il lui rend la rassure et ses épaules se détendent légèrement. Soulagée, elle pose son front contre celui d’Isaac et soupire. Mais elle voit que le cavalier se tient le ventre, et elle écarte sa main pour découvrir qu’il est sans blessure, le gilet ayant arrêté la trajectoire de la balle. Le sang qu’elle voit n’est que celui des chiens qu’elle a sur elle. Ils sont tous les deux indemnes.

« Ce n’est pas mon sang. » Souffle-t-elle, alors qu’il pose un regard effaré sur elle et son état. Elle a un mince sourire, de ceux qu’elle n’adresse qu’à lui. « Viens avec moi, on sort de là. » Dit-elle, avant de se redresser et d’aider son compagnon à se relever et de le ramener au camion.

Spoiler:

- Holy fuck…

Qu’est-ce que Salem venait de faire ? Les yeux ronds de la musicienne allèrent de son ex-compagnon à la blonde. Elle inspecta ensuite prudemment ce qui se passait au sol, pour découvrir les corps déchiquetés. Immondes. Heureusement que la nuit cachait une partie du désastre…

- Bien joué…, murmura-t-elle, aussi impressionnée qu’écœurée.

Les renforts ne se firent pas attendre et à vrai dire… Selene s’attendait à voir éventuellement débouler n’importe quelle équipe, sauf celle de Connor et Duncan. S’ils étaient ici, cela signifiait deux choses : soit ils n’avaient plus besoin de diversion – et donc ils avaient tué tout le monde – soit ils avaient dû prendre la fuite et… donc ils auraient bientôt le reste de la garde New Eden aux fesses.

Laissant Eli descendre le premier, elle choisit de ne pas faire de folie inutile et d’accepter de se faire réceptionner. Pendant le fugace instant dans ses bras, leurs prunelles se croisèrent et suffisamment pour confier en silence qu’elle était heureuse de le savoir indemne, mais ce n’était pas fini. Ils avaient encore du travail. Ôtant machinalement de son gilet la balle qui s’y était enfoncée, la musicienne qui avait rangé son glock récupéra le fusil de Caleb. Inspection rapide du chargeur, puis le réarma dans une succession de bruits caractéristiques.

- Merci, souffla-t-elle en trouvant Duncan et Connor pendant que le ballet des médics commençait, ça… ça a été ? Osa-t-elle demander.

Elle ne voyait pas tout le monde, Nima faisait partie des absents… pourvu qu’elle ait simplement été appelée ailleurs. Au final, elle s’en sortait bien, avec ses yeux éclatés et les larmes qui avaient ruiné ses peintures de guerre. Ce fut à ce moment que sortit Robbie et son chiot. Présentant la tension possible, Selene s’interposa immédiatement :

- Attendez, lui faites rien. Il… il est réglo, elle était forcée de l’admettre et jeta un regard mi-honteux, mi-reconnaissant au concerné avant de revenir aux deux chefs, on fait quoi maintenant ?

Parce que rallumer ou laisser le courant down dépendait de leur choix. Elle avait longtemps coupé les communications alors… elle ne savait pas comment ça se passait pour les autres.

Spoiler:

Se faire secouer comme un prunier n'était pas dans le goût d'Alan qui pourtant, restait incroyablement calme et silencieux. Le choc donné par le coup du garde l'avait sonné, mais ce n'était pas seulement une affaire de douleur. C'était également par fierté que le galeriste ne mouftait pas. Il avait laissé faire les personnes compétentes, y compris pour lui immobiliser le bras. Il avait simplement levé la tête et fermé l'oeil pour qu'on lui appliquer de quoi soulager sa pommette brisée. Crachant en sortant du camion après toutes ses péripéties, le cinquantenaire vit deux autres dents – du fond certainement – atterrir sur le sol dans une mélasse de glaire et de sang. Alan reniffla péniblement, vexé.

Quand le camion arriva aux côtés de l'équipe chargé de s'occuper de couper l'électricité, le ventre d'Alan se contracta d'une manière désagréable. Certains de son équipe étaient là-bas, dont Kaz pour qui il s'était inquiété depuis le début. Acquiescant quand le camion c'était arrêté, Alan descendit tout de suite, sa hache à la main.

C'est là, après un moment d'adaptation, son œil au dessus de sa pommette cassée peinant à faire le point, qu'il aperçut Kaz, penché sur le corps inerte de Tony. Alan se dirigea vers eux. Caleb et Joséphine s'étaient chargés de les conduire vers le camion médical.

Se mettant à genoux aux côtés de Kaz sans prévenir, Alan plaça sa main valide sur la sienne, enfoncée contre l'abdomen de Tony pour faire pression. Non seulement le cinquantenaire voulait aidé, soulager son geste et surtout lui faire comprendre qu'il était là.

« On comprime. On ne lâche pas. » Dit-il à l'adresse de Kaz en collant son épaule contre la sienne. Il était là, comme il l'avait promis. En sale état, mais il était là.

Spoiler:

J’essaie de rester les yeux fixés sur les voitures, mais j’y arrive pas. Mon regard dérive sur ce qui m’entoure, encore, chaque seconde et chaque image augmentant le malaise et l’horreur qui s’emparent de moi. L’arrivée du camion me tire de cet état semi-léthargique, même si j’ai du mal à être aussi heureuse et soulagée de les voir que je le devrais. Parce que c’est pas terminé. Parce que j’arrive pas à me défaire de l’odeur et des cris. Parce que la fatigue menace de me tomber dessus comme une chape de plomb.

Je les rejoins, effaçant cet air écarquillé et terrorisé de mon visage. Je serre la main, valide, de Tom, avec un peu trop de force. « Ça va aller ton bras ? » Question con, je sais, mais comment dire autrement à quel point je me suis inquiétée, à quel point je m’inquiète encore, sans craquer ? Et avant qu’on ne me dise quoi que ce soit, je monte et m’installe à côté de Nolan après avoir jeté un œil aux blessés. « T’as réussi… » Me forçant à ne pas avoir les mains qui tremblent, je récupère un chiffon que je mouille. « J’ai toujours su que tu pouvais faire des miracles. » J’ai un mince sourire, et si j’évite de trop m’attarder à le regarder dans les yeux, il doit bien savoir que je suis sincère non ? Il sait bien à quel point j’ai toujours cru en lui. Ignorant tant bien que mal les soubresauts du camion, je continue de nettoyer le sang qui le macule. Son visage, puis ses mains tellement rouges… Je sais bien que ce n’est pas le sien, mais ça me permet de m’en assurer. Et de m’occuper tant l’esprit que les mains. Tant que je suis occupée, je ne m’effondrerai pas. Même si j’évite de me poser contre lui.

Heureusement, on arrive avant que la pression et l’adrénaline ne retombent complètement. Et heureusement, la situation s’est calmée le temps de notre trajet, même si de nouveaux blessés sont à déplorer, évidemment… Je m’écarte du camion, laissant la place pour les autres, laissant les médics et les gros bras se charger des blessés. M’entourant de mes bras, frissonnant dans l’air maintenant glacial de la nuit, je jette des coups d’œil nerveux autour de moi. J’hésite un instant, avant de soupirer et de suivre le mouvement, entrant dans le bâtiment pour tenter d’y trouver ceux manquant à l’appel.

Spoiler:

Kaz n'était pas bien mais les autres s'en occupaient. Tant mieux. Fermant les yeux un autre bref instant, Connor se pinça l'arête du nez. Proche de Duncan, ce fut un coup de fatigue qui le fit tituber un instant, et il se heurta au viking avant de se reprendre. S'excusant, l'arrivée de Selene auprès d'eux le fit reprendre conscience :

C'est fini, confia-t-il. L'arrivée du vieil homme l'interrompit. S'il y a d'autres civils, ils viennent avec nous, ajouta-t-il dans la foulée fermement. Une horde est pas loin, on retourne dans George pour se mettre à l'abri, toutes les autres équipes ont terminé leurs missions, souffla Connor à Selene, pour lui expliquer un peu plus pourquoi il voulait se presser S'il n'y avait plus nécessité à rester dans le coin, autant ne pas se donner trop de mal. Ils avaient tous envie d'être proche des leurs. En tout cas, il y a que du côté de la zone résidentielle ou ça se passe mal, mais ceux à côté sont allés les aider, fit-il.

Donc à priori, tout était géré. Quoi qu'il pourrait sans doute contacter ceux encore en ville pour voir ce qu'il en était.

Spoiler:

Pendant plusieurs minutes, je ne vois rien d’autres que la blessure de Tony, je m’y accroche comme si ma vie en dépendait autant que la sienne. Les deux chiens avec nous qui menacent d’attaquer, mais la grenade qui explose à l’extérieur et sème un peu plus encore de chaos. Estomac qui s’alourdit de ne pas savoir qui est touché et comment. Je penche la tête et me courbe vers Tony pour m’assure qu’il est protégé en cas de projection liées à l’explosion. Et ça déboule finalement dans la pièce, peur d’abord qu’il s‘agisse d’autres gardes, mais à la façon dont ils dégomment les chiens, c’est évident que non. Le premier visage que je reconnais c’est celui de Joséphine. On s’est à peine parlé elle et moi, mais cela termine de confirmer qu’ils sont bien là tous pour nous sauver. Je fais ce qu’elle me dit, presque machinalement en ne prononçant pas le moindre mot. Ma veste que je continue de presser sur la blessure et aussi en suivant le mouvement jusqu’au camion. Je boite un peu à cause de ma morsure à la jambe, mais c’est le dernier de mes soucis.

Posé dans le camion, je continue d’appuyer jusqu’à ce qu’une main vienne se mêler aux miennes et qu’une voix résonne à mes côtés. Le cœur s’emballe lorsque je tourne vers lui des yeux rougis par la grenade lacrymo. Le souffle se coupe dans ma gorge et s’il n’appuyait pas sur me mains, j’aurais lâché Tony de surprise de voir son état. Ça n’a pas l’air d’aller fort. Ça semble pouvoir attendre en revanche ce n'est pas le cas de Tony. Ma tête se pose une seconde sur l’épaule d’Alan avant de m’éloigner pour rester concentré sur la tâche qui m’est confiée tant qu’on ne me dira pas de lâcher. Je n'ose pas poser la question qui me brule les lèvres. Est-ce qu'il va sen sortir?

Spoiler:

Je suis encore un peu sous le coup de tout ce qu’on vient de faire dans le camion et de notre retour à l’arrache. Tout le monde est stable, je crois. De toute façon, je pourrais pas faire mieux. Et si je suis soulagé de voir Cass’ sur ses deux jambes, je trouve pas les mots pour lui parler. Alors je me contente d’un mince sourire et de fermer les yeux quand elle cherche un truc à faire pour s’occuper. Et, une fois que le camion s’arrête, que j’entends la voix de Joséphine qui me fait comprendre que ça va recommencer, je me contente de serrer doucement ses mains, que je vois trembler, de poser mon front contre le sien quelques instants et de souffler, dans un murmure. « Ca va aller. Je t’aime. » Et je me relève avec une grande inspiration. « Blessé par balle à l’abdomen, okay. » Alan s’est levé, c’est bien ça et je le vois avec un autre type, en train de comprimer la plaie.

« Parfait, continuez encore, le temps que je finisse de tout préparer. » Je sors la totale, piquant plusieurs fois le blessé avant de continuer de préparer le matos. Je prends deux minutes pour m’assurer qu’Elrik est toujours en vie et je m’agenouille devant Antony, levant un regard en direction des deux hommes. « Vous allez m’assister. Toi. » Je désigne Kaz en lui lançant la lampe torche. « J’ai besoin d’une de tes mains. Me faut le meilleur éclairage possible. On fera avec ça. » Je file mes autres directives rapidement, avant de me concentrer sur ce que j’ai à faire. Et je lève les yeux vers le blessé. « Je t’ai filé de la morphine et un anesthésique local. Mais je suis pas sûr que ça occulte totalement la douleur. Alors… tiens. » Je tends une ceinture pour qu’il morde dedans sans faire plus de commentaires.

Je sais pas combien de temps ça me prend mais, une fois de plus, j’occulte totalement le brouhaha ambiant. Je zappe tout ce qui n’est pas essentiel à la réussite de mon opération et, si j’ai un soupir de soulagement quand je finis par extraire la balle, je me détends pas, faisant au plus vite pour suturer la plaie. Et je ferme les yeux un instant, avant de finir de nettoyer tout le sang qui le macule pour m’assurer que tout va bien et je souffle, à mi-voix. « Il a perdu beaucoup de sang mais visiblement, aucun organe vital de touché et pas d’hémorragie. Ca devrait aller. » J’essuie mes mains sur mon jeans par réflexe avant de lâcher un « merci de votre aide. »

Spoiler: