Bim bam boum, tout va très vite : le vieux coupe le courant, la fenêtre est brisée, j'me fais entraîner dans la pièce d'à côté. J'ai tout juste eu l'temps de sentir l'odeur si piquante - et un poil nostalgique - de la lacrymogène. Nous voilà tous les trois, Papy, Salem et moi, isolés de la scène.

"Putain d'merde, 'chier. Hey !" J'm'apprête à alpaguer Papy mais il reprend son chiot et se casse pour s'enfermer dans les chiottes. "Putain..." J'tourne sur moi-même, dans l'noir j'perçois une fenêtre éclairée par la lune. "Viens, faut qu'on sorte de là." J'jette un oeil à l'extérieur mais évidement, j'n'y vois rien. Ca doit être assez loin pour être tranquilles au moins trente secondes, j'imagine. "On grimpe sur le toit. C'est moins risqué pour les chiens et on pourra les viser en pleine tête. Vite !" Pas une seconde à perdre. Ils sont dans une putain de merde là bas, et ne tarderont pas à se prendre une pluie de balles.

J'ouvre la fenêtre et pars en premier : les deux mains sur le bas du cadre, j'm'élance pour y mettre un pied, puis l'autre, j'me relève en attrapant l'bord supérieur et me tracte vers le haut, à l'extérieur. Que les années de parkour ait une putain d'utilité. Heureusement le toit n'est pas très haut, une bonne traction et un appui du pied sur le mur suffit à ce que je m'y réfugie. Sans attendre, j'm'allonge alors, tout près du bord, pour tendre un bras à la blonde et l'aider à me rejoindre.

Spoiler:

Elle n’avait pas prévu que ça dégénère si vite. Que les gardes insistent, qu’ils tambourinent à la porte, mais la jeune femme pensait que Robbie pourrait leur obéir et revenir les berner. Il n’en était rien. L’une des vitres explosa et l’instant suivant, une bombe lacrymogène fut balancée à travers. Proche de la porte, Selene était extrêmement exposée et le gaz la prit immédiatement à la gorge. Suffoquant, les yeux en feu, aveuglée par les larmes qu’elle ne pouvait empêcher de couler, elle recula le plus vivement possible, tout en vidant au moins la moitié de son chargeur de 18 coups en direction de la porte.

Elle tenta de parler mais cracha ses poumons à la place. Incapable de voir les autres, elle se déplaça au radar dans la direction qu’avaient emprunté auparavant Eli, Salem et Robbie. Trouver une autre issue, respirer, vite. Au bord de l’asphyxie, la musicienne trouva une fenêtre et parvint à demeurer suffisamment vive pour s’extraire d’un bond agile. Enfin, l’air frais. Elle toussa encore, soulagea ses poumons quelques secondes avec une atmosphère respirable. Pas de trace des autres. Si la mécanicienne et le mexicain devaient l’avoir devancer, la situation des autres l’inquiétait. Elle renifla, essuya ses yeux rougis pour chasser les larmes et leur cria, la gorge encore irritée et douloureuse :

- BOUGEZ-VOUS ! PAR ICI, peut-être les gardes rallumeront le courant… peut-être ne sauraient pas comment faire… dans tous les cas, la raison appelait désormais à s'échapper, Allez !!

Arme en main, elle était prête à couvrir l’extraction des suivants.

Spoiler:

Une détonation résonna, des bruits de verre puis de la fumée commença à envahir la pièce. Ils étaient pris au piège. Et si Eli, Salem et Selene parvinrent à fuir, Isaac et les autres n’eurent pas cette chance. Le vieux Greene commençait à suffoquer, ses yeux piquaient, tellement qu’il eut du mal à apercevoir l’homme et les chiens qui venaient d’entrer. Il se redressa en voyant une silhouette humaine avancer vers, il arma son Glock dans sa direction mais la fumée le fit tousser au mauvais moment et il manqua sa cible qui riposta. Un coup de feu retentit, puis un choc violent au niveau de sa poitrine qui lui coupa le souffle. Le cavalier tituba, il tenta de se rattraper comme il put, mais il fut contraint de mettre un genou à terre, sonné.

Spoiler:

Putain, le toit. Eli venait de l’appeler et dans le feu de l’action, la musicienne sauta pour attraper sa main tendue et se hisser à son tour. Le cœur emballé, la respiration haletante, les voies respiratoires en feu, elle suivit ses acolytes pour venir se poster juste au-dessus des gardes. Il y en avait encore deux ici avec leurs deux clébards gonflés à bloc. S’ils les prenaient, ils pourraient redescendre aider les autres…

BLABM. BLAM. BLAM. BLAM. BLAM.

Selene n’avait pas fait dans la dentelle : elle avait pressé la détente jusqu’à ce qu’une balle pénètre dans une partie molle et envoie sa cible au tapis – définitivement. Malheureusement, le complice leva la tête et lui balança un tir réflexe dans la poitrine. Le choc la propulsa en arrière.

- Pu… tain…

La pianiste galérait à retrouver son souffle. Le gilet avait absorbé l’impact mais la douleur s’était diffusée dans tout son thorax. Restant couchée, à l’abri des tirs, la jeune femme décrocha péniblement son talkie de sa ceinture et le ralluma pour déclarer à qui l’entendait :

- Selene… à toutes les équipes… c’est la merde… ici ! Articula-t-elle non sans difficulté.

Spoiler:

L'aide ne viens pas. Au final je crois que le boîtier c'est le dernier de nos soucis. Les coups fusent, Isaac est sonné, mais ne semble pas touché. Par contre Antony, il chope méchamment et s'écroule à côté de nous. Boule dans le ventre qui s'alourdit, ravage les parois. Je ne dois pas me laisser gagner par l'inquiétude du camarade au sol. C'est un des miens, un Expendables. Du coup c'est pas un peu ma responsabilité aussi de le protéger ? Pas le temps d'agir qu'un des chiens semble me prendre pour cible. Je réagis assez vite, mais je ne parviens pas à viser juste. L'émotion, les yeux qui pleurent, l'urgence. Tout se mélange pour me faire rater ma cible. Le chien se jette sur moi et me mords violemment au mollet. La décharge de la douleur qui se répand dans toute ma jambe. Je profite pourtant de l'adrénaline et du vague recul du chien pour me jeter à plat ventre à côté d'Antony. Je retire ma veste et viens la presser contre la blessure  tout en grimaçant de la douleur qui me ravage le bas de la jambe.

On va te sortir de là mec.

Je relève mon arme de ma main libre au cas où un chien nous foncerait dessus, mais ma main tremble. Je suis loin de faire le malin.

Spoiler: