"Selene !" J'tire la brune sur le toit avec un énorme soulagement. Ca pique rien qu'à voir ses yeux rouges post-lacrymo et les larmes chimiques qu'ont emporté une bonne partie du maquillage de guerrière. Pas le temps pour se réjouir, on avance à trois vers le bord du toit. Les types ont déjà réussi à défoncer la porte. Nos amis là dessous sont dans une situation carrément critique.

J'arme mon fusil. Deux gardes, deux chiens.
Selene est la première à tirer - vidant certainement son chargeur dans l'opération - et évidemment, elle fait mouche. Le type est transpercé, tombe et ne se relèvera sans doute jamais. Mais le deuxième riposte et la touche.

La pianiste est propulsée en arrière. Sans tomber du toit, heureusement. "Putain BATARD !" Trop crispé pour viser correctement, j'tire et l'atteins dans une zone protégée par son équipement. Juste de quoi le secouer. "Merde." J'recule pour me mettre à couvert, évitant une nouvelle salve.

"Selene, ça va ?!" Terrifié mais mû par le feu de l'action, j'm'approche d'elle à quatre pattes. L'impact est dans son gilet. Putain d'merde, j'ai eu peur, j'dois en être tout pâle. Alors qu'elle finit d'annoncer notre situation périlleuse au talkie, j'me r'dresse à genoux et la chope fermement par l'avant bras pour l'aider à se remettre en bonne posture. Un hôchement d'tête. "On va les sortir de là, t'en fais pas." Car si je suis incapable de l'abandonner sur le champ de bataille, il en est de même pour chaque membre de cette fichue opération.

J'la relâche et reviens vers Salem. Le fusil à nouveau rangé sur l'épaule, j'dégaine mon couteau - prêt à sauter dans l'tas.

Spoiler:

Tout part en couille à une vitesse folle, comme c’est le cas à chaque fois. Les coups à la porte, le vieux qui coupe le jus. La noirceur. Une détonation, le bruit du verre qui s’éclate et une putain de grenade lacrymo à leur gueule. La dernière fois qu’elle y a goûté, c’était en défendant la Distillerie et les souvenirs sont mauvais, malgré leur victoire. Sal n’a cependant pas le temps d’étouffer avec les autres qu’on la tirait ailleurs. Le vieux récupérait son chiot, ça que la mécano ne s’y oppose et eut à peine le temps de lancer un regard à cet espèce de sauveur amoureux des ses chiens.

En moins de deux, Salem suivait Eli dehors par la fenêtre. C’était pas le moment de trop réfléchir, fallait bouger et vite. Un bras tendu pour l’aider à grimper sur le toi ? C’était un bras dont elle allait se saisir pour prendre une meilleure position dans ce foutoir.

Son cœur battait à tout rompre, l’adrénaline la faisait presque trembler. Récupérant son pistolet, la petite blonde remarquait que Selene les rejoignait. Elle, elle y avait eu droit au lacrymo de merde. Sal allait lui demander si les autres arrivaient eux aussi, mais la brune se dirigeait au rebord du toi et vidait un premier chargeur. La réponse était donc non et son cœur se serrait violement dans sa poitrine. Les coups de feu s’échangeaient et leur cheffe fut touchée. D’un bond vers l’arrière, la blonde se mettait instinctivement à couvert pour ne pas se prendre un projectile, se retournant néanmoins vivement vers Selene pour s’assurer qu’elle allait bien. Eli se ruait d’ailleurs sur elle et l’aidait à se relever. C’était au moins bon signe.

S’écartant un peu de l’Endroit où leurs ennemis s’attendaient probablement à les voir réapparaitre, Sal alla un tout petit peu plus loin et jeta un coup d’œil rapide. Ne restait qu’un type en bas et des chiens. Fallait tirer les cabots ou le mec surarmé ? Pas de temps à perdre et la mécano choisit l’Homme. Appuyant sur la détente, une première détonation se fit entendre, puis une seconde bien plus importante, faisant reculer l’androgyne de quelques pas par la force qui lui revenait en pleine gueule.

Abaissant le bras qui lui avait servi à se protéger le museau, elle repointait son pistolet vers le sol et se préparait à tirer à nouveau, avant de réaliser ce qu’il venait de se passer.

Cette chance complètement improbable ! La grenade, oui c’était la grenade ! Statistiquement, c’était quoi les putains de chances ?! Homme et chiens, tous y étaient passés.

Spoiler:

Son garde n’avait pas échappé à sa sentence. Une bonne saucée dans sa gueule ! Caleb, lui, était occupé à reprendre ses esprits. Plié en deux, la vitesse et la course n’ont jamais été son fort… Mais la pause est de courte durée. Les talkies grésillent : une horde arrive, et d’autres ont besoin d’aide. Ni une ni deux, les deux chefs de groupe se décident : le groupe de Sélène d’abord, la horde viendra ensuite.

Caleb eut un instant, un étrange frisson parcourant son échine. Une idée lui vint en tête : aller se battre, et repousser la horde. Oui, George pouvait tenir un siège, mais à quel prix ? Surtout avec une population vraisemblablement opposée aux nouveaux occupants – eux donc. Ce groupe était le groupe de diversion. Qui pouvait dire que les autres groupes avaient terminé leurs besognes ? Du groupe de diversion, peut-être fallait-il devenir le groupe barrage ?

Il voulait aussi, sans se l’avouer, se racheter une sorte d’honneur. Il venait de tuer deux personnes, de la plus atroce des manières. Et il avait participé à d’autres assassinats, et quels assassinats… Les corps mutilés des tués à la grenade, pouvaient en témoigner.

Mais Caleb suivit les ordres, et très vie, les véhicules le déposèrent du côté de l’électricité. Raina et Duncan abattent les deux molosses – encore des chiens d’attaque – et tirent le groupe de Sélène de leurs ennuis. Descendant de sa jeep, la hachette à la ceinture et un fusil d’assaut dans les bras, Caleb prit la parole, proposant son aide :

- Il y a des blessés ? Ils peuvent se déplacer ou il faut les porter ? Il était prêt à aider, il fallait qu’il fasse quelque chose de bien, qui puisse aider quelqu’un. Si quelqu’un veut se fusil d’assaut, prenez-le ! Je suis pas très doué avec ça. Nolan est là, dans le camion, derrière ! S’il y a des blessés, il faut les mener à lui, et à Joséphine aussi.

Résumer:

J'suis prêt à m'jeter dans l'tas, et, et... BAM

J'sais pas c'qu'a foutu Salem en tirant, mais le mec explose, les chiens avec. J'suis un peu repoussé vers l'arrière et forcé d'remettre un genoux à terre. "Wow ! Merde, meuf !!" Les yeux ronds comme des billes, j'toise la blonde avec une grande admiration. Même si bien sûr, le bain de sang est horriblement gore. Vu sa tête, elle ne l'a probablement même pas fait exprès.

C'est aussi à ce moment là qu'arrivent les renforts appelés par Selene. Raina et Duncan abattent les chiens, Caleb se manifeste pour avoir des infos... J'leur fais un signe de main pour signaler notre présence sur le toit. "Y a sûrement des blessés à l'intérieur ! Ici ça va, on descend !!"

J'me retourne vers Selene et Salem, "J'y vais, j'vous rattrape." C'est pas très haut, ça devrait l'faire sans encombres. J'm'accroupis, m'accroche à deux mains au rebord du toit pour m'élancer et m'suspendre une seconde dans l'vide avant d'lâcher. Les genoux souples, j'tombe sans avoir mal à quelques mètres de la porte. Difficile d'ignorer les cadavres près d'moi - j'espère d'ailleurs qu'aucun ne se relèvera - mais j'lève la tête et m'prépare à réceptionner les filles - pour peu qu'elles en aient besoin.

Spoiler:

Joséphine prit les choses en main. Cela n’avait rien d’étonnant, à vrai dire. Caleb se souvenait de cette fameuse journée où lui et la jeune femme s’étaient rendus dans la forêt bordant le camp, pour couper du bois, et surtout, lui apporter un peu de changement dans sa vie difficile à cette époque. Malgré sa blessure, elle était toujours courageuse et prête à travailler. Caleb l’avait vu lever la hache et abattre les arbres, et elle ne se ménageait pas. Aussi, la voir fondre la première dans la bâtisse sombre, ne l’étonna en aucun cas.

Il lui emboita le pas, laissant son fusil d’assaut contre le bord d’une jeep. Entrant dans la salle, Caleb fit face aux affres des combats qui eurent lieu ici. Il y avait du sang, une odeur de fer nauséabonde, l’odeur de poudre des munitions… Une ambiance de mort.

Joséphine fit son bilan et une fois qu’elle jugea le blessé transportable, Caleb fit la seule chose qu’il pouvait faire en cet instant : le porter. Il s’abaisse, enlace le blessé, et le soulève délicatement, enfin, le plus délicatement possible. Puis, il prit la direction du camion, et déposa le blessé tête en avant, poussant ensuite sur les chevilles et les pieds de l’homme pour faire rentrer son corps à l’arrière du camion, sans qu’il n’ait besoin de faire d’efforts.

- Blessure par balle à l’abdomen, comme Joséphine t’as dit. J’y retournes, il y en a d’autres, je pense. Courage à toi mon grand !

Puis, il retourna à l’intérieur du bâtiment. Autant que faire ce peu, il portait son regard un peu partout, à la recherche d’un blessé oublié.

Résumer: