Le fait de pouvoir enfin respirer de l'air donna à Andrea un regain d'énergie. Cependant, alors qu'ils voyaient enfin la lumière du soleil, alors qu'ils pouvaient finalement remplir leur poumon d'un oxygène qui n'était plus aussi humide et sombre, l'afro-américaine se sentit totalement différente. Elle fit quelques pas dehors avant de se poser contre un mur et soupirer. Se laissant glisser au sol, elle avait clairement besoin de quelques minutes pour se remettre de ses émotions, pour voir qu'ils touchaient quasiment au but mais qu'il fallait encore se donner du mal pour ça. Le ventre noué, l'afro-américaine releva les yeux vers les autres :

Juste quelques minutes, ensuite on repart, fit-elle avec assurance. S'il suffisait de traverser Tacoma pour rentrer, peut-etre... Nous avons besoin de boire et de manger, une idée de quelle heure il est ?

Le passage ouvert, la jeune fille s’aide des parois pour arriver à la surface sans s’écrouler. Elle écoute son héros et ferme les yeux, formatés pendant des jours à la seule lueur des torches – artisanales ou électriques. A travers ses paupières, le jour l’aveugle malgré tout. Isalín est si soulagée de sentir le vent sur sa peau qu’elle se prend à rire. Un rire nerveux.

Avec précaution, elle expose ses prunelles à la lueur salvatrice pour découvrir ce qui l’entoure. C’est douloureux, ça lui grille le nerf optique, elle doit faire plusieurs tentatives pour y arriver, mais qu’importe. Imitant leur cheffe, l’islandaise aussi se laisse tomber ; à genoux d’abord, puis sur les fesses. Ils sont tous dans des états déplorables : sales, cernés, amaigris même. Elle n’est évidemment pas en reste et constate avec un effroi en décalage avec la situation que ses converses sont foutues…

- Ça se trouve, on a de la chance et on vient de ressortir juste à côté de chez nous, dit-elle avec un regain d’enthousiasme.

Malheureusement, il n’y a ni forêt, ni parc à côté de Point Defiance. Seulement une interminable zone pavillonnaire…

Spoiler:

Le soleil, je n’ai jamais était aussi heureux de ma vie de sentir de nouveau la caresse de la déesse Sol. J’ai écarté mes bras, les yeux fermés, pour la sentir du mieux possible. Oubliant l’espace d’un instant la fatigue, la faim et la soif. Nous nous accordons une petite pause avant de reprendre la route. Andrea nous demande qu’elle heure il est. Je décide de me lever quelques instants pour chercher le soleil des yeux.

Il est très haut dans le ciel, radieux. Durant mes randonnés, j’avais pris l’habitude de deviner l’heure en regardant l’astre, plus qu’en me fiant à ma montre. Ce n’était pas ultra précis, mais c’était souvent suffisant. Faisant donc les gestes de mains, ceux où on interposait nos doigts entre le soleil et l’horizon, je finis par trouver une heure approximative… « Je dirais qu’il est entre 14 et 15 heures. » ça nous laissait le temps de nous reposer quelques minutes avant de nous mettre en traque de quoi manger. Un lapin, un rat, un mouton, même des grenouilles, je serais prêt à manger tout ce qui est comestible à cette seconde.

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Leurs efforts payèrent. Bientôt ils purent enfin retrouver la lumière du jour, aveuglante. Le vieux Greene plissa les yeux, plaçant sa main au niveau de son front pour éviter d’être trop ébloui. L’air frais, respirable lui fit un bien fou et il prit de longues minutes pour prendre de grandes bouffées d’air, reprenant son souffle pour la même occasion. Exténué, faible, le cavalier tient toujours debout mais il n’aurait pas tenu une journée de plus dans ces tunnels.

Malgré la fatigue, Isaac ne put s’empêcher de sourire en voyant Andrea se laisser glisser sur le sol. « Nous avons tous mérité une petite pause… » Souffla-t-il avant de s’asseoir à son tour. Fermant les yeux, il laissa sa tête basculer en arrière, profitant toujours de l’air pur. Puis quand Tomeo s’interrogea sur la présence de ces tunnels, il reprit « La raison de leur existence se trouvait sûrement dans les carnets et les livres que j’ai trouvé quand nous étions à l’intérieur… » Mais ils ne le sauraient jamais… Ils avaient autre chose à penser. Se nourrir d’abord, puis rentrer… « Une fois que nous aurons repris des forces… Il faudrait aller explorer les environs, pour essayer de voir où nous sommes… »

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Rafaël commençait à ne plus y croire, mais ce simple rayon de lumière avait suffi à lui redonner espoir. Il s’était démené, avec les autres pour déblayer le chemin, et ils n’avaient pas démérité, quand enfin ils purent voir la lumière du jour. Il avait gardé les yeux fermés, d’abord, essayant de repérer à l’aveugle l’endroit où le soleil lui semblait taper le plus fort, pour y tourner le dos. Ca ne l’avait pas empêché de cligner des yeux à de multiples reprises, s’acclimatant difficilement à cette lueur après tant de jours dans le noir. Il se laissa aller à rire malgré lui – un rire à moitié nerveux et à moitié soulagé. « Je commençais à croire qu’on ne verrait plus jamais la lumière du soleil ! Mais on va pouvoir rentrer chez nous ! » Il anticipait peut-être trop, mais s’ils avaient réussi à sortir, alors rien ne pourrait les empêcher de rentrer.

Il hocha toutefois la tête à la suggestion, qui n’en était pas vraiment une, d’Andrea, et s’assit lui aussi, arquant un sourcil en entendant Tomas. « Je ne sais pas comment tu arrives à estimer ça, mais c’est impressionnant. » Il s’était gardé de lui demander s’il avait une idée du jour qu’il était… Inutile de plomber l’humeur des autres, alors qu’aucun d’entre eux ne pouvait le savoir. « Et au fait, je ne sais pas si je te l’ai dit, mais merci pour le piolet. C’est rassurant » Il avait conservé les morceaux restants de son bâton, quand même.

Les regardant à tour de rôle, il se demande un moment s’il a aussi mauvaise mine, avant de soupirer. Évidemment. Il n’était déjà pas très remplumé de manière générale, moins encore depuis la catastrophe, alors après avoir passé plusieurs jours sans manger à sa faim… Secouant la tête, il se releva, inspectant les alentours. En fait, il n’allait pas pouvoir tenir en place. Même si faire les 100 pas n’aiderait rien ni personne, il se mit à marcher, feignant d’observer ce qui les entourait. « Il faut qu’on essaye de se souvenir de cet emplacement. Pour en savoir plus sur ces souterrains. Et oui, on peut pas rester de toute façon, il faut que l’on sache où on est, et où on peut aller… Et trouver à manger et à boire. »

S’éloignant de quelques pas, il plaqua ses mains sur son ventre gargouillant et douloureux, ayant l’impression qu’il allait vomir – mais comme plusieurs heures, jours peut-être, déjà, et sans succès : ce n’est pas comme s’il avait quoi que ce soit à vomir… Se rasseyant finalement, pour éviter d’agacer et de déranger tout le monde, il se laissa tomber sur le dos. Juste se reposer quelques secondes, avant de repartir. Incapable de supporter le silence, il se mit à chantonner à voix très basse. Rester calme quelques secondes, et ils repartiraient pour attraper de quoi manger, et pour rentrer chez eux.

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