- Je sais vraiment pas : d’être une terreur, ironisa Selene.

Ça ne parut pas déstabiliser son interlocutrice qui continua de l’examiner, comme lui avait demandé son supérieur. La musicienne pinça les lèvres. Cette femme emblait être sévèrement conditionnée et… même s’il n’y avait probablement rien à en tirer, elle devait trouver un moyen de se faire libérer.

- Non, merci, refusa-t-elle à propos de la morphine, ça va.

Une injection lui aurait fait du bien, mais sa fierté l’empêchait d’accepter l’aide de ses geôliers. Encore quelques instants, la musicienne observa la rouquine. Passer par le rationnel était visiblement une perte de temps, il fallait tenter par l’empathie alors…

- Il t’a fait quelque chose, pour que tu lui obéisses ? Si… si tu m’aides, je t’aiderai aussi, lui glissa-t-elle d’une voix plus calme, dénuée de la férocité qui l’habitait jusque-là, fais-nous évader, et tu pourras nous suivre… c’est promis.

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Ça lui fit l’effet d’une claque – que l’autre parle de George. La musicienne s’était imaginé d’autres choses, New Eden faisait partie de certaines de ses hypothèses – certes – mais ça… c’était lourd de sens. Il s’agissait d’une vengeance pour l’avant-poste et ils étaient sûrs d’avoir leurs cibles… cela signifiait que quelqu’un avait parlé. C’était obligé. Il n’y avait aucun moyen de remonter une piste jusqu’à Nisqually, à moins qu’il y ait eu des fuites. Selene serra les mâchoires. Qui donc ? Quelqu’un de son groupe d’assez bête pour se vanter de l’exploit ? Quelqu’un d’assez mesquin pour les avoir trahis ? Ou bien… l’un de leurs alliés ? Ni la team de Connor, ni celle de Valérian, n’était entièrement digne de confiance de son point de vue. Quand elle sera sortie d’ici, elle étripera le traitre…

- George… était une erreur…, reconnut-elle avec amertume.

Inutile de nier de toute façon, ça ne l’aiderait qu’à gagner du temps. La musicienne ne voulait pas gagner du temps, elle voulait l’aide de son infirmière.

- On ne pensait pas… on ne voulait pas faire un massacre, souffla la jeune femme – ce qui n’était pas un mensonge, je ne voulais pas faire un massacre…, elle se pinça les lèvres brièvement et poursuivit sur le même ton, on est pas obligés d’en arriver là, ok ? Faire payer un massacre pour un massacre, c’est…, elle s’interrompit : au fond, c’était exactement ce qu’elle ferait à leur place, parmi les autres prisonnières… y’a une fille qui n’a rien a voir là-dedans. Une blonde, Juliet. Elle n’a pas participé à George, elle n’était même pas là. Est-ce… est-ce que tu peux demander à ton boss de la laisser tranquille ? Il fallait qu’elle tente, plus plusieurs raisons…

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Pourquoi ferait-elle ça ? Elle en avait plein des raisons…

- Parce que… elle est innocente, simplement ? C’était la raison la plus évidente – et c’était la pure vérité, ce serait injuste qu’elle paye pour des choses qu’elle n’a pas commis… tu crois pas ? Selene essaye d’appuyer sur la sensibilité de son interlocutrice, son sens de la compassion, elle n’a vraiment rien à voir là-dedans… et ton groupe, il veut le bien des gens à la base, pas vrai ?

Elle la fixait de ses intenses yeux bleus, car il fallait qu’elle voit si ça fonctionnait ; au moins un peu…

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- Parce que…, très bonne question, elle ne savait plus maintenant « pourquoi George », on pensait… on pensait que des gens avaient besoin d’aide… on voulait aider, ou en tout cas, c’était ce qui l’avait motivée au départ, je voulais aider…, et ça avait complètement échappé à tout contrôle.

La pianiste marqua une brève pause. Elle sentait qu’elle pourrait la faire flancher avec les bons mots, alors elle choisit l’honnêteté à toute tentative de manipulation. Pour l’instant en tout cas.

- Rien de ce que je dirais ne te fera me faire confiance je suppose… mais si tu vas parler à Juliet, elle pourra te dire que je fais toujours tout pour protéger mes amis et… être juste, la tête lui tourna brièvement. Sa position était inconfortable, elle avait soif, mais se devait de continuer, je ne te demande pas de m’aider moi si tu penses que je mérite d’être là… aide là juste elle. S’il te plait.

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