Bon. Le tout, c'est de réussir à être le plus crédible possible. Suffis de repenser à cette belle époque où on devait jouer les actrices avec Émilie.
Face aux paroles dures de Daryll, celui chez qui j'avais essayé de trouver un peu d'attention, je serre la mâchoire et ne peut m'empêcher de l'éviter. Qu'il aille tenter un salto avant au bord d'un volcan, tiens. Je ne dis rien cependant, et me contente de prendre le peu qu'on m'offre. Je fais quelques pas jusqu'à la porte lorsque le garde me barre la route avec son arme, m'indiquant ainsi la frontière à ne pas dépasser. Ne pas paraître hostile, que je me répète en boucle. Alors je lui offre un sourire sincèrement reconnaissant, inspirant une profonde bouffée d'air.

Lorsque plus loin ça commence à encore plus dégénérer, je me précipite au bras de mon surveillant pour me planquer un peu derrière lui, très inquiète. J'ai pas vraiment envie de me prendre une balle perdue. Je lève alors un regard de chien battu vers lui : Vous.. Tu es sur qu'on peut pas sortir un peu ? Au moins.. Hors de sa trajectoire ? Que je lui murmure, pendant que Cassidy en profite pour calmer le jeu.

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Je lève les deux mains quand Emma me braque, me figeant l’espace d’un instant. Encore plus quand je sens que Cassidy se lève à cause de ça. Je lance un regard en direction de ma compagne, bien conscient que, quoi que je lui dise, elle va pas se rassoir et je me contente de remercier Louise d’un mouvement de la tête avant de faire un pas en arrière. Au moins, ça fait un garde de moins dans l’équation, même si on continue d’être grave dans la merde.

Et, alors que je pensais même pas ça possible, la tension monte encore d’un cran quand Abi balance l’histoire de Scarlett. C’est bien amené, même si on est tous conscients que c’est du quitte ou double. On arrivera jamais à soigner qui que ce soit dans ces conditions, surtout si c’est encore une plaie par balle. Je fixe Vivian un instant, réalisant pleinement à quel point elle est sur la brèche et je pose ma main dans le dos de Cassidy pendant qu’elle prend la parole, soulagé de voir à quel point elle arrive à rester calme.

Surtout, elle arrive à retranscrire un paquet de trucs. J’espère qu’ils vont écouter, que ça va les inciter à réfléchir. A pas faire de conneries. Et je souffle, d’une voix aussi calme que possible. « On est pas obligés d’en arriver là. Vous êtes pas obligés de tuer qui que ce soit. » Je me retiens à ajouter qu’ils ont déjà assez de cadavres sur la conscience, mais j’ai pas envie de dire à haute voix que Tom est mort. Parce que rien que d’y penser, j’ai envie de tout casser.

Avant que j’ai vraiment le temps d’ajouter quoi que ce soit, j’entends Teresa, qui s’était rapprochée de Daryll, m’appeler, en disant qu’elle a besoin d’un médecin. Je grimace, alors que je reste toujours à bonne distance des gardes armés. « Laissez-moi aller la voir. Elle a besoin d’aide. » J’aimerais autant éviter de me faire flinguer parce que je me suis déplacé d’un pas. Parce que vu la tête et l’état de nerfs de nos geôliers, on en est là.

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Malgré les battements de mon cœur, malgré la colère et l’incompréhension, malgré la peur qui me tiraille de tous les côtés, j’essaie. De leur parler et leur ouvrir les yeux. Ça semble marcher pour certains. Pas pour l’autre pétasse, mais c’est pas la plus importante… Ni pour Vivian, ce qui est plus embêtant…  Et malgré l’intervention des autres, tout part dans tous les sens encore beaucoup trop vite. Je sursaute, reculant vers Nolan, un cri m’échappant quand le premier tir retentit… Et je reste figée, les yeux écarquillés, quand tout s’enchaine.

« STOP ! » Je fais un pas en avant, mon regard passant de l’un à l’autre. « Ça suffit ! Vous voyez ce qu’il se passe ? Faut arrêter maintenant ! Baissez vos armes. Je vous en prie. » Je refais un pas vers Daryll et désigne Teresa. « Il faut qu’on la soigne. » J’attends une seconde avant de me précipiter vers Teresa pour regarder son épaule.  « Daryll, tu dois nous aider. Il faut appuyer sur sa blessure. » Je me tourne et cherche Lisandro du regard. « Lis, tu t’occupes d’Abi ? Et Lily… » Ils vont nous laisser les soigner. Hein ?  « Nolan. La balle est pas ressortie je crois. » Je me relève en tremblant pour le laisser faire, et je regarde les autres gardes, même Suzie. « Aidez-nous. S’il vous plait. Il faut… Il nous faut du matériel. Des médicaments. Et euh… Vivian est blessée, il faut la retrouver, sinon elle va se vider de son sang et… Il y a déjà eu trop de morts. Ça suffit ! On peut pas continuer comme ça. On est pas vos ennemis ! On vit ensemble, on a bossé ensemble bordel. Vous savez aussi bien que moi qu’on a besoin les uns des autres, on est une communauté, pas des putains de barbares qui flinguent à tout va dès que quelque chose leur déplait ! Il suffit de tout arrêter maintenant. Vous êtes nos amis bon sang ! » Pourquoi ils comprennent pas quelque chose d’aussi simple ? Je secoue la tête et fronce les sourcils. « Et Marlon, il est où ? Pourquoi il est pas là alors qu’il y a eu des coups de feu ? Pourquoi il vous laisse gérer ça tout seul alors que c’est lui qui a crée cette merde ? » Et cette vague inquiétude que je n’étais pas arrivée à cibler jusque-là éclate. « L’un de vous sait au moins où il est ? Il est encore dans le fort ? S’il est sorti, on doit le savoir. S’il est sorti… » S’il est sorti, ça craint encore plus… Mon regard se reporte sur Nolan. « Qu’est-ce que je peux faire ? »

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Haddock

Abigail & Haven

Elle envoya son venin, sa pique sema le doute chez Daryll qui retourna sa veste aussi vite que les italiens durant les guerres mondiales. Satisfaite de son action, elle se fit toute petite contre le mur. La suture propageait une douleur diffuse dans son flanc, comme un éternel rappel de son idiotie. Elle avait été conne de se griller si vite et ses dires eurent peut-être le mérite de servir à quelque chose. La chasseuse les laissa s’entre-déchirer, se faisant avoir comme des bleus dans le piège de l’affection.

Son intervention enflamma la mèche mais le feu prit trop vite. Ils envahissaient leur cœurs et instillaient la haine chez eux. Parfait me direz-vous ! Sauf qu’une fournaise incontrôlable se retourne souvent sur son auteur. La chasseuse ne comprit pas le déclic qui s’opéra chez cette salope de Vivian, ni le cheminement qui la fit tirer. Tout se passa trop rapidement alors qu’elle se faisait protéger par Cora poster devant-elle. L’hystérique se mit à beugler comme un mouton devant le renard. Vivian gesticula, baragouina des trucs insensés jusqu’à qu’une balle ne parte. Une douleur terrible. Pire que tout les supplices du Malin l’assaillit au niveau du bras.

C’était comme si un tsunami se répandait dans son corps, les larmes lui montèrent aux yeux et se mordit la langue sous la douleur. Son égo lui dictait de ne pas crier et elle se mit à geindre faute de mieux. Abigail était fatiguée, endolori et faible bien avant que Vivian ne se mette à jouer au psychopathe dans les écoles américaines. Le tir n’arrangea absolument rien et dans un cri de rage pur, ses dents ensanglantés apparaissant et ses yeux envoyant des éclairs plus virulents que ceux de Zeus, elle se lâcha :

- Mais putain de merde ! Vous en avez pas finis avec moi ?! commença-t-elle postillonnant comme possédé par une force vengeresse. Espèce de salope, pigeonne, dindon de la farce, bachibouzouk, qu’elle enchaîna prit dans le syndrome d’Haddock. Gourgandine, faquin, puterelle et malpropre ! J’vais te retrouver, j’vais te briser les os et boire ton sang, tu m’entends ! continua la jeune femme écumant de rage alors que Vivian ce cafard s’enfuyait lâchement.

Son regard se reporta sur les autres gardes et elle sut, dans un éclair de lucidité, que tout ce jouait là. Elle déglutit, ses yeux partant dans le vague. Puisant dans ses dernières forces, elle parvint à se reprendre avant de complètement finir dans les vapes.

- Vous voulez vraiment vous soumettre à ces clown ?! Regardez-les bordel ! Ils savent que répondre par la violence ces enfants mal-formés. Je me suis pris deux balles gratuitement alors qu’on n’a jamais lever la main contre vous, grandissez ! Putain que j’aurais honte si Marlon était mon boss, ce type est même pas sorti de la maternelle.

(c) DΛNDELION

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