J'attendais une réponse de la part de mon gardien, lorsque Vivian commence à péter une durite et pointe son arme sur tout le monde. Le geste defensive qu'a le garde à mon encontre me conforte dans l'idée que je ne risque rien avec lui, et viens même me cacher un peu derrière lui. Elle commence à tirer des coups de feu presque aléatoirement, et je me bouche aussitôt les oreilles et ferme les yeux par panique. Jusqu'à ce que la folle furieuse sorte en trombe et nous bouscule, mon protecteur et moi. Par chance, ma chute est amortie par le corps de ce dernier, qui m'a empêchée de rencontrer le sol.

Ça va ? Que je lui demande en me redressant et l'aidant au passage. J'observe l'assemblée et les nouveaux blessés, sans compter Abigail qui apparemment se transforme en gruyère. Oh mon dieu.. Je m'apprêtais à partir aider lorsque Cassidy coupe tout le monde, sans parler de la chasseresse qui en rajoute une couche. Ça semble fonctionner. Mais pas assez.

On vous l'avait dit, pour Vivian ! Que je rajoute, pourtant avec un tout plus doux et suppliant. Il faut arrêter de jouer les gardes et les prisonniers ! Des gens sont blessés ici, et si on ne fait rien, toute cette histoire ça se finir dans un cimetière ! C'est ça que vous voulez pour l'avenir du camp ? Et il fait quoi Marlon pendant ce temps ? Et si c'était vous, blessés ? Il est où votre chef ?! Je me tourne vers Suzie. Non on ne peut pas attendre !! Vivian est gravement blessée, et si elle est partie vers l'infirmerie pour se soigner, elle est peut-être en train de menacer Louise !! Et si elle lui tire dessus à elle aussi ?! Devant l'urgence de la situation, je me tourne vers le garde qui m'a aidé. Il faut vite qu'on aille chercher Louise, s'assurer qu'elle va bien, et empêcher Vivian de faire davantage de blesser !

Spoiler:

Il suffit d’une étincelle pour que tout explose. Je fais à peine un pas en direction de Teresa que les coups de feu résonnent. J’ai l’impression d’être dans un film et que tout est en arrêt sur image l’espace d’une seconde. Pour que tout redémarre de plus belle. Je me tourne vers Cass’ quand elle hurle un « STOP » bien audible, égoïstement rassuré de voir qu’elle est indemne. Et, pendant qu’elle parle, je reprends mes esprits et je me précipite en direction de Teresa. D’un coup d’œil, je vois Lisandro qui a déposé sa petite dans les bras d’Erika et qui s’occupe d’Abigail de son côté. Mais, vu qu’elle jure comme un charretier, c’est qu’elle va bien non ?

J’écoute à moitié le discours de Cassidy, me laissant porter par sa voix qui me calme bien plus que je l’aurais cru. Et j’ai un temps d’arrêt quand elle me demande ce qu’elle peut faire. « Je… » Je cille, avant de secouer la tête pour revenir à la raison. « Va voir comment va Lily. Elle est tombée. Je crois. » Je me focalise sur Teresa, l’examinant rapidement. « Okay. Va falloir l’extraire. » J’ai un temps d’arrêt, alors que j’entends les filles qui continuent de parler, mon attention se portant, pendant quelques instants, sur les autres gardes. Ils ont l’air d’hésiter, comme s’ils étaient aussi sur la brèche.  « Suzie, tu crois vraiment ce que tu viens de dire ? » Je m’épate moi-même de pas être agressif, alors que là, j’ai vraiment envie de l’encastrer dans le mur. Elle a tiré putain, elle aurait pu tuer l’un d’entre nous. Elle aurait pu… ça aurait pu être tellement pire. La colère me noue l’estomac alors que je cherche de quoi compresser la plaie de Teresa. Mais je peux pas me permettre de laisser la colère prendre le pas sur le reste. Pas maintenant. Je soupire longuement, me mordant l’intérieur de la bouche jusqu’au sang.

Avant de lever les yeux, accrochant le regard de Daryll, alors que je souffle, aussi calmement que possible. « J’ai besoin de toi pour la soutenir. On a tous… Les filles ont raison, on ne peut pas continuer comme ça. Aide-moi. S’il te plait. On peut encore s’en sortir. Ensemble. »

Spoiler:

Je ne suis pas dérangée que le garde ne prenne pas ma main. Durant cinq secondes peut-être, mais je vois rapidement dans son attitude qu'il semble rassuré. J'ai un sourire doux malgré la situation, lui touchant le bras furtivement ; il venait de me sauver la vie quelque sorte, et celle de mon bébé.

Daryll finit par se ranger de notre côté, prêt à mettre la main à la pâte sous la colère de la petite Suzie. Quelle peste. Et l'échange entre elle et Emma ne fait qu'accroître ma colère envers la gamine, même si Emma n'était pas toute blanche, elle semblait chercher le pardon, au moins. Je sert doucement les poings, lorsque Louise revient. Un profond soupire soulagé me quitte, rassurée qu'elle soit entière et qu'elle n'a pas croisée la route de Vivian. Qui sait ce qu'elle aurait pu faire..

Maintenant ça suffit Suzie !! Que je gronde d'une voix forte, pas habituelle pour moi, en me rapprochant de cette dernière d'un pas décidé. Je lui agrippe son bras libre, la fusillant du regard. Tu vas arrêter tes conneries, on dirait une gamine de quinze ans !! Tu te crois où hein ?! On a toujours été dans le même camp ! On est tous dans la même merde maintenant ! Je serre la mâchoire, retenant une irrésistible envie de lui mettre une belle gifle. Tu veux servir à quelque chose ? Tu veux qu'on se souvienne de toi ?! Alors fais quelque chose de bien comme lui !! Sans la quitter des yeux, je lui désigne Daryl, le plus proche.

Je la relâche, observant tout le monde, déterminée. Putain et il est où Marlon !!!

Spoiler:

Les choses étaient allées très vite. Après avoir soigné Abigail et Scarlett, ils avaient été conduits dehors, pour écouter le discours dégoulinant d’orgueil et de narcissisme de Marlon, qui s’était visiblement fait un petit plaisir à les voir tous, à genoux, à sa merci. En profitant au passage pour tabasser lourdement Duncan – désigné comme le dernier homme à abattre. Une violence gratuite et écœurante, de la part d’un homme qui ne semblait n’avoir qu’un seul objectif : le pouvoir absolu. Sans se préoccuper des blessures des siens, il avait rassemblé ceux qui lui étaient fidèles pour surveiller les habitants de Nisqually dans la grande salle, arme à la main, comme on entasserait du bétail dans un abattoir. Teresa l’avait rapidement rejoint et le chilien avait récupéré sa fille fatiguée et apeurée, la tenant contre lui tout en restant à l’écart des autres, pour la protéger. La paranoïa grandissante de Vivian l’inquiétait suffisamment pour qu’il se fasse discret, du moins… jusqu’à ce que les coups de feux retentissent et que la situation ne monte d’un cran encore.

Teresa tombe, fauchée par une balle perdue mais très vite – heureusement – Nolan, est autorisé à s’approcher pour s’occuper d’elle. Vivian disparait, et petit à petit, les positions de leurs geôliers flanchent, les uns après les autres. Exception faite de Suzy, hargneuse, et visiblement rongée par la jalousie de voir Daryll se détourner d’elle pour prendre leur parti. La jeune femme restait dangereuse. Mais en l’occurrence, il n’était pas la personne la plus désignée pour s’occuper d’elle. Il avait quelqu’un d’autre dans son viseur.

Erika à son côté, le chilien lui passe sa fille, lui sommant de rester en arrière avec elle et de ne pas se faire remarquer, avant de se rapprocher doucement d’Abigail, à nouveau mal au point. « Il faut vraiment que cette mauvaise manie cesse, Abi. » Lui dit-il, en ponctuant d’un clin d’œil à son intention, alors que le chilien vint prendre le relais auprès de Lee. « Sois sage. » Dit-il, à nouveau à Abigail avec un regard sérieux et entendu, alors qu’il tourna la tête vers Emma. « Emma, regarde-moi. » L’appelle-t-il, avec chaleur. « Pourrais-tu m’apporter des compresses, une pince et un scalpel, du sac que Louise a ramené ? J’aurai également besoin de tes mains pour me seconder. » Il peut voir la détresse dans son regard, lui-même est désolé de la tournure qu’a pris cette situation désastreuse. « Respire Querida, tout n’est pas perdu. Je crois que nous avons tous été dépassé par la situation… De tels désaccords n’auraient pas dû nous mener jusqu’ici, et ce n’est certainement pas vous le problème. Nisqually n’a toujours eu pour but que d’offrir un refuge… c’est toujours le cas. » Il s’adressait à Daryll, Louise, Suzy et les autres gardes qui l’écoutaient, mais c’était pourtant bien Emma qu’il regardait avec compassion, espérant qu’elle finirait par l’écouter et venir l’aider à soigner Abigail dont il était en train de compresser la plaie de sa main. « La violence qu’a amené Marlon ne peut pas être une solution viable, pour aucun d’entre nous. » Dit-il, plus tristement.

Spoiler: