Le cri de Ruben la fait sursauter, et elle réalise que dans son malheur, elle a de la chance que l’homme qui la tient toujours en joue ne soit pas un nerveux de la gâchette. Au moins, maintenant tout le monde doit être au courant de ce qui est en train de se passer, mais c’est un soulagement assez minime face à la situation merdique dans laquelle Preston et elle se trouvent. Ses yeux sont rivés dans les siens, comme si son regard était la dernière chose à laquelle elle pouvait se raccrocher pour éviter de perdre ses nerfs au pire moment. L’homme derrière elle relève son arme pour inciter Preston à jeter les siennes, et elle comprend sans mal le message qu’elle lit dans les yeux du militaire tandis qu’il s’exécute avec une lenteur probablement calculée. Il veut qu’elle essaye de s’enfuir et qu’elle le laisse sur place, mais la brune ne l’entend évidemment pas de cette oreille.

Lentement, elle s’agenouille comme pour signer sa capitulation, les mains toujours levées au niveau de ses oreilles, et les yeux toujours fixés vers son camarade d’infortune. L’inconnu la contourne, s’avance pour fouiller Preston, et Louve tente de profiter de l’ouverture pour tenter quelque chose. Elle tente de dégainer son couteau de chasse, mais l’arme blanche reste coincée à sa ceinture. Qu’à cela ne tienne, elle se jette sur leur assaillant armée de ses poings et de l’énergie du désespoir, comme si elle avait la moindre chance de prendre le dessus sur lui. Elle espère que sa tentative permettra à Preston de tenter quelque chose. Elle prend un coup de genou dans le ventre qui lui coupe le souffle, la forçant à se plier en deux sous la violence du choc, et le coup de point qu’elle prend par la suite en plein visage l’envoie directement au sol, sonnée.

Au-delà de lui faire voir trente-six chandelles, le coup lui a surement ouvert la lèvre, parce qu’elle sent un infâme goût métallique lui exploser dans la bouche, lui provoquant un haut-le-cœur. Elle ne qu’assister impuissante à la tentative du militaire de lui venir en aide, et lorsqu’il se jette sur leur assaillant, un coup de feu déchire le silence tout relatif de la forêt. Il y a un petit moment de flottement durant lequel la brune se laisse gagner par l’espoir, mais lorsqu’elle voit Preston tomber à genoux, puis au sol face contre terre, elle sent ses yeux s’emplir de larmes. Malgré la douleur, elle se traine jusqu’à lui et le retourne doucement, une main tendue vers leur adversaire en signe de reddition. « Arrêtez… S’il vous plait… » Elle supplie d’une voix tremblante. Elle cherche la blessure du militaire toujours au sol, mais il fait trop sombre. Elle sent le liquide chaud et épais sous ses doigts, mais elle ne peut rien faire de plus.

Spoiler:

J’aide Wyatt à se remettre sur pieds comme je peux, tremblant un petit peu vu l’urgence de la situation. Il fait sombre, nous sommes encerclés d’ennemis – du moins je le crois - nous sommes séparés les uns des autres… Il faut fuir ! Il le faut. Mon cœur tambourine dans mes oreilles, j’ai l’impression d’avoir de l’électricité dans les veines.

- Vite ! Je presse les garçons et détale comme un petit lapin.

Je ne réfléchis pas, mon instinct a pris les commandes. Je cours sans savoir jusqu’où il faudra aller, sans savoir quand il faudra s’arrêter. J’évite les arbres, passe à travers quelques buissons qui éraflent ma peau, mais ma cape me protège assez bien. Je sens d’ailleurs la tête du puma, me servant de capuche, se cogner avec rythme entre mes épaules à chaque pas que je fais.

Fuir.

Je l’ai toujours fait. Seule ou avec ma famille. Ce n’est pas par manque de courage, mais il faut savoir quand la situation est trop dangereuse, non ? Je n’ai pas le temps d’y penser. J’évite au dernier instant un trou dans le sol de la forêt. Il faut que je me concentre, sinon… je risque de commettre une erreur.

Spoiler:

C'est dans la confusion qu'on se relève. Je fracasse le crâne de celui que j'ai réussi à avoir pour le presser contre le sol. Je sais pas si je le tue ou pas c'est même pas la question. Un grognement m'échappe, avec mes armes en main, en jetant un regard vers Wyatt. Les autres derrière, j'ai aucune idée d'où ils sont, si on a réussi à les attraper ou pas... La confusion règne. Mais une idée m'obsède désormais et je m'explique pas pourquoi, j'ai l'impression d'avoir de l'acide dans les veines.

Nascha... Je lui attrape le bras, pour la rattraper et puis, sans ralentir, je poursuis : Si jamais on se perd de vue, tu cours, tu t'arrêtes surtout pas : il faut pas qu'ils te mettent la main dessus ! Mes yeux se posent sur elle, et puis sur Wyatt : C'est eux ! Il en a entendu parler, on est partis à leur recherche ensemble justement, alors c'est immanquable : Les Croatoans, c'est sûr, c'est eux ! J'ai aucun doute dans ce que j'affirme. Nascha a aucune idée de quoi je parle, mais lui... Oui.

Général:

Résumé:

L’inconnu revient pointer son arme vers Louve, mais cette dernière ne cille pas, bien trop préoccupée par la situation de l’ancien militaire pour s’inquiéter pour la sienne. Après une courte hésitation, l’homme lui accorde cinq minutes, et elle lève les yeux vers lui, surprise. « Merci. » Le moment parait mal choisi pour échanger des politesses, mais la gynécologue n’a que trop conscience qu’il vient de lui laisser une chance de sauver la vie de son ami alors que rien ne l’y obligeait. Tout de suite, elle se met au travail et reporte son attention sur le blessé, passant en pilote automatique. « Preston ? Ça va aller, d’accord ? » Le fauconnier est conscient, et malgré la douleur, il ne semble pas en état de choc. Ce n’est probablement par la première fois qu’il se fait tirer dessus. Louve ne peut pas travailler à l’aveugle, aussi se tourne-t-elle à nouveau vers leur assaillant en désignant les sacs par terre de son index ensanglanté. « S’il vous plait. Il y a une lampe torche dans ce sac, et une trousse de secours rouge dans celui-là. » Elle ne sait pas trop à quoi s’attendre de sa part, mais le soulagement se peint sur son visage lorsqu’il s’exécute sans pour autant baisser son arme.

La petite lampe de poche coincée entre les dents, Louve se désinfecte les mains avant d’enfiler une paire de gants en latex. Avec la force de l’habitude, elle découpe le t-shirt imbibé de sang afin d’y voir un peu plus clair. La blessure se situe au niveau de l’abdomen sur le côté gauche, et après une légère palpation, elle constate un orifice de sortie dans le bas de son dos. « La balle est ressortie. » C’est une bonne chose. Il lui faudra rapidement des soins plus pointus, mais les risques d’infection ou d’aggravation s’en trouvent largement diminués. « Je suis désolée, ça va faire mal. » A grand renfort de compresse, Louve fait pression des deux côtés de la blessure afin de stopper l’hémorragie. L’intestin ne semble pas touché, mais impossible de constater l’étendue des dégâts sans une laparotomie en bonne et due forme, il faudra se contenter de ça pour l’instant. Une fois le flot de sang maitrisé et les blessures nettoyées au mieux, la brune pose un pansement compressif. Cela fera l’affaire. Pour le moment. Elle retire ses gants et range son matériel avant de serrer la main du militaire. « Ça va aller. » Impossible de savoir qui elle essaye de convaincre.

Spoiler:

Général:

Résumé: