J’ai envie de protester, il est hors de question que je l’abandonne. Hors de question. Je ne sais pas qui sont ces Croatoans, comme semblent les appeler les deux garçons, mais je m’en fiche. Je n’abandonnerai pas Ruben.

D’ailleurs, on entend déjà le hennissement des chevaux pas très loin, sauf que… Je me demande si c’est une bonne idée d’aller vers eux. Il y a Wyatt qui ralentit aussi et qui ne nous suit plus, nous disant qu'il nous couvre.

- Ru ! S’ils nous surveillent depuis notre arrivée, ils surveillent aussi les chevaux pour qu’on ne s’enfuie pas, non ? Que j’essaie d’articuler en courant. Qu’est-ce qu’on fait ?! Je suis totalement perdue.

Je ralentis un peu malgré moi, puis l’odeur de fumée vient chatouiller mon nez.

- Désolé Bambi… que je répète en me souvenant de ce que Wyatt a dit en ralentissant derrière nous… C’est un code ? C’est lui qui a allumé un feu ? Que je question le garçon que j’aime, le souffle court par l’effort.

Spoiler:

J'ai un regard pour Wyatt quand ce dernier me dit qu'il va tenter de leur faire gagner du temps. Son excuse pour Bambi me fait grimacer, je sais à l'avance ce qu'il pense faire et ouais, ça fait un peu flipper mais... C'est nécessaire. Cliffdel se remet tout juste de l'incendie qui l'a ravagé y'a deux ans de ça, un truc du genre. Je serre la main de Nascha et la mention des cheveux me fait regarder en arrière : Non, ça va aller... en fait, c'est un coup de poker, on ira plus vite sur une monture qu'à pied, même si on prendra un risque.

Ils sont pas très loin, on devrait pouvoir s'en sortir. On va s'éloigner, attendre les fuyards sur la route du retour, que je souffle à Nascha alors que Wyatt s'est éloigné. Si ceux sont les nôtres, on les ramènera en sécurité, si ceux sont les autres, on s'en débarrassera, je sais pas comment. Avec nos armes, et ce qu'on a à disposition. Je dois trouver un moyen de prévenir le campement de ce qu'il se passe... même si sur ce point, j'ai aucune idée de comment faire. S'il faut cavaler jusqu'à Yakima, je suis prêt à le faire.

Les doigts du militaire se resserrent autour des siens, peut-être un peu trop fort, et Louve relève les yeux vers lui. Elle lui offre un maigre sourire qu’elle espère réconfortant, comme une promesse muette de faire tout ce qu’elle pourra pour qu’il s’en sorte. Le regard insistant de leur assaillant sur elle ne lui a pas échappé, et si elle doit se constituer otage pour négocier le départ de Preston, alors elle n’hésitera pas une seule seconde. Elle se tourne vers l’homme qui la tient toujours en joue, prête à ranger sa dignité au placard et à le supplier s’il le faut, mais une odeur âcre et étouffante la coupe dans son élan. La forêt est en train de brûler. L’homme l’attrape fermement par le bras, surement pour la forcer à se lever, et elle lui lance un regard implorant. Il n’aura aucune chance de survivre s’il reste ici. Si le feu ne le tue pas et qu’il ne se vide pas de son sang, les rôdeurs se chargeront de lui. « Attendez ! » Sa main est toujours attachée à celle du blessé, et leur agresseur semble hésiter quelques secondes avant de se pencher pour l’aider. Le soulagement que la brune ressent est immédiat. « Doucem– » La fin de son mot meurt sur ses lèvres.

Le son de la déflagration lui vrille les tympans, et elle sursaute en sentant quelque chose de chaud lui éclabousser le visage. Entre ses doigts, ceux du militaire se relâchent. L’homme à côté d’elle crie quelque chose, et une autre voix masculine lui répond sur le même ton, mais Louve ne comprend pas un traitre mot de cet échange. Tout ce qu’elle voit, c’est le regard de Preston, dépourvu de vie et figé dans le sien, ainsi que l’impact sur son front. « Non… » La voix est blanche, étranglée, et elle ne se rend même pas compte qu’elle se laisse enfin aller aux larmes. Il aurait pu s’en sortir. Elle avait réussi à arrêter l’hémorragie. Il aurait dû vivre. Elle sent qu’on la relève de force et qu’on l’entraine, mais l’injustice de ce qui vient de se jouer sous ses yeux lui fait perdre son sang-froid. Elle se débat comme un beau diable, les yeux rivés sur le cadavre de son ami, et elle hurle sa colère et son désespoir. Celui qui a tiré finit par l’empoigner par les cheveux et lui asséner une gifle avant de l’entrainer à sa suite sans ménagement. Elle ne peut pas lutter contre la force des deux hommes qui l’agrippent, et dans un dernier sanglot déchirant, elle se laisse emporter sans lutter davantage.

Spoiler:

J’ai du mal à réfléchir. La situation est tellement angoissante ! Les autres… Wyatt qui est resté derrière… La fumée qui me brûle les yeux, qui pique ma gorge. Les coups de feu. Les hennissements affolés des chevaux…

J’ai juste envie de fuir très loin d’ici. J’ai peur. J’ai vraiment peur. Je m’en veux aussi, de vouloir m’enfuir plutôt que de me battre, mais qu’est-ce qu’on peur faire contre des gens armés q ui nous ont déjà encerclés ?! Mes parents m’ont appris à savoir reconnaitre quand la situation ne pourra être gagnée, mais… Je m’en veux tellement !

Je m’en remets à Ruben qui semble avoir plus de sang-froid que moi actuellement. Il faut prévenir son groupe. The Hallows, ils sont tellement, ils pourront faire quelque chose eux ! C’est sûr ! Du coup, je ne m’arrête pas jusqu’à ce que j’approche l’un des chevaux paniqués.

- Chhhttt, chttttt, tout va bien. Je lève les mains en m’approchant doucement, pour que le cheval me perçoive dans sa panique. Je parle doucement, mais assez fermement aussi. Comme on me l’a appris quand j’étais enfant. On a besoin de toi mon beau. Même s’il est agité, j’approche encore tout doucement et je pose finalement mes mains contre son épaule. Je le caresse de mon mieux, alors que mon cœur bat comme des milliers de tambours dans ma poitrine. Ça semble fonctionner en tout cas et le cheval se calme. Vite ! Je grimpe sans effort sur le dos de l’animal et je tends la main à Ruben pour le faire monter.

Une fois que c’est fait, je mets le cheval au galop, non sans lui souffler un remerciement dans ma langue natal, puis je m’adresse à Ru.

- On va où ?!

Spoiler:

Général:

Résumé: