Elle n'avait pas ouvert la bouche du trajet. Mieux valait ça que de s'engueuler avec deux des personnes qui l'avaient fait chier la veille. Concernant Lucas, il saurait bien assez tôt pourquoi la Canadienne préférait éviter son regard, quant au Bridé, il était parfaitement au courant. Clairement de cette équipe le seul pour rattraper le tir était Elias et, encore, si ce dernier ne partait pas en couille.

Le stress grimpait, il fut à son summum dès lors qu'elle put voir qu'il n'y avait pas trois pécores – comme précisé par Adrian – mais une claque de gens. Super, pensa-t-elle en manchonnant le chewing-gum qu'elle s'était collée dans la bouche pour éviter de ruminer. Pas qu'elle n'appréciait pas ses partenaires, mais quand vous vous en preniez aux siens - aussi « sympa » pouvait-elle être - vous baissiez carrément dans son estime. Malgré tout, l'escort balaya ses rancœurs en quittant l’habitacle et suivit le leader pour s'approcher de ce joyeux petit groupe.

De base, la brune savait simplement qu'il s'agissait d'un trio, du fait, voir tant de monde la rendait septique. Elle laissa faire, s'il fallait agir elle agirait, néanmoins lorsque Takeo manqua de partir en vrille, elle lui colla un bon coup de coude dans les côtes – à l’abri derrière Elias – pour l'inviter à fermer sa grande gueule. C'était pas le moment, ni leur genre de chercher la merde directement. Les consignes avaient toujours étaient claires, séduire, inviter et ensuite, si la partie adverse faisait le mauvais choix, les choses se compliquaient. Pour le moment, les inconnus se contentaient de servir leurs patronymes, quelques explications, et questions qui l'invitèrent à sourire franchement.

On attirait pas les mouches avec du vinaigre, la Canadienne le savait bien, inutile de tirer la gueule alors qu'ils allaient forcément proposer à ces « nomades » de les suivre. Aussi, lorsqu'une dénommée Andrea s'adressa à Adrian, Cain se contenta d'observer les intrus et les quelques armes – visibles – qu'ils possédaient. D'ailleurs l'un d'eux, à peine les avait-il vu débarquer, avait rapproché les doigts de sa jambe dans le but d'anticiper. Ils n'allaient pourtant pas les flinguer, du moins pas directement s'ils avaient l'intelligence de réfléchir.

- On vient des bagnoles derrière... Lança-t-elle, sans cesser de sourire, en désignant les véhicules stationnés de manière à ce qu'aucun ne puisse se barrer comme l'un d'eux tenta de le faire d'ailleurs.

- Il est sur les nerfs.  Répondit-elle, surfant sur la bonhomie d'un moustachu pour donner le change et prenant de cours le jeunot qui s'empressait. Néanmoins, « samouraï » lui restait en travers de la gorge, ce grand con ne désirait pas qu'on leur cherche d'emmerdes mais il en refoutait une couche histoire de sortir le Nippon de ses gonds ? Il est plus bête que méchant. Conclut elle en lançant un petit regard à Elias qu'elle espérait contrôler ses gloussements.

L'humour pouvait fonctionner mais il fallait se méfier de l'eau stagnante... Adrian prendrait la relève, elle n'était pas le meneuse mais clairement, Stanley lui manquait à l'instant et, son regard furtif à Shigeru était clair : La ferme ou j'te la fais fermer.

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Résumé:

Sarah était restée à observer, impassible. Ne se démontant pas malgré que les appréhensions de Eli s'étaient avérées vraies. Onze personnes venaient d'arriver, si elle réserva aux militaires qui s'étaient alignés une parfaite indiffèrence, cinq d'entre eux retenaient son attention. Le dénommé Adrian qui semblait avoir la responsabilité du groupe, ainsi que l'homme d'origine japonaise, qui semblait s'amuser des circonstances, le brun qui marchait dans son jeu, et la femme ainsi que l'autre homme qui étaient jusqu'à présents restés silencieux.

Elle avait résisté à l'envie de tirer l'oreille de Murphy qui essayait de se soustraire aux discussions et de Juliet qui avait fait preuve d'une rare insolence. La jeune femme ne fut pas étonnée du répondant de son compagnon, ainsi que de la diplomatie de Eli, Alma, Lisandro et Isaac. Seuls les propos de Andrea avaient fait écho dans son esprit. Sarah était à la fois heureuse de la voir reprendre du poil de la bête, bien que regrettant amèrement ce qui lui était arrivé.

Il était hors de question qu'elle se présente à ces fouines-merdes, qu'elle espérait d'ailleurs ne jamais revoir. Sarah se surprit elle-même de ne pas encore avoir pris la parole. Agacée, sa colère et l'adrénaline montaient crescendo. Mais elle ne souhaitait pas paraître plus stupide qu'eux, se retenant de proposer à Elias d'aller se plaindre à sa mère de leurs mensonges s'il n'était pas content.

La situation n'évoluait pas davantage, tous semblaient d'ailleurs se complaire dans cet échange pesant, elle remarqua alors une silhouette s'approcher, au détour de quelques arbres... Un rôdeur, qu'elle laissa s'approcher suffisamment des militaires -qui avaient baissé leurs gardes, trop contents de pouvoir un peu souffler sans doute- mais l'occasion était trop belle pour qu'elle la laisse passer, dégainant son Glock 17, Sarah pressa la détente pour venir cueillir le rôdeur en pleine tête.

Tous les regards s'étaient désormais braqués sur elle, fière d'elle, elle soufflait la fumée qui sortait du canon. " Bien, puisque désormais j'ai l'attention de tout le monde... "

En signe de bonne foi, elle ne tarda pas à ranger son arme, croisant alors le bras. " J'aimerais savoir quel est votre but … A moins que vous ne souhaitiez vérifier lequel d'entre vous est le plus stupide... " son regard s'arrêta quelques instants sur Takeo -les remarques qu'il avait fait à Duncan ne lui ayant pas échappé-  " Vous venez récupérer ces personnes... Très bien, mais pourquoi devrions nous forcément rentrer dans l'équation nous aussi ? Juste parce que nous nous trouvions là par hasard? C'est fort... " son attention se porta alors sur Adrian " Qu'attendez-vous de nous au juste ? Et quelle est notre garantie que chacun y trouvera son compte ? ... Inutile de tourner autour du pot, on est tous en train de perdre du temps là... A moins que vous ne souhaitiez en attirer d'autres ? " elle désigna la dépouille du rôdeur d'un signe de la tête avant de pousser un profond soupir. Autant ennuyée par la situation qu'inquiète, peu importe ce que ça lui coûterait, il était hors de question que son groupe souffre à nouveau, pas encore.

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