Presque soulagée de voir Frances prendre le fusil, je récupère mon couteau de cuisine que j'avais pris soin de ranger à ma ceinture au préalable. Je sais que le moment est mal choisi, mais la voir rater son premier tir me fait un peu sourire je dois bien l'avouer. C'est débile parce que ça peut nous mettre en danger au final. Heureusement, le deuxième tir couche définitivement un lent suivi juste après d'un autre, mais pour le coup, l'ancienne popstar n'y était pour rien, bien que restant sur un beau un sur deux au tir.

Le second cadavre à s'écrouler est à mettre sur le compte de papy Billy qui gère ! Sauf que ça a apporté une distraction à la future mère et là voilà aux prises avec l'une de ces choses. Et là, la voilà se vautrer lamentablement au sol en s'emmêlant les pieds dans je ne sais quoi et les deux glandus encore debout se précipitent sur elle. C'est bien notre veine ! Papy passant par là, il en élimine un, reste donc un dernier dont Frances ne peut se défaire malgré ses efforts. Resserrant ma prise sur le manche, je m'approche au moment où elle demande de l'aide, ce à quoi je sors d'un ton détaché et de manière naturelle « Sans dec' on avait pas remarqué ! »

Trop occupé par le repas appétissant s'offrant à lui à quelques centimètres, le lent ne me voit même pas venir, et c'est tant mieux, j'aurais pas voulu qu'il change de cible. Là, au moins, j'ai le temps de planter lentement la lame dans son crâne en regardant ailleurs tandis que la coréenne doit vite fermer les yeux et la bouche. Avant que l'abomination ne tombe complètement, on le repousse sur le côté juste après que je récupère mon bien. « Eh bah, il va pas te reconnaître, on dirait que t'as pris dix ans ! » lançais-je gratuitement. Et en parlant du loup...

Spoiler:

Récupérant mon cher et tendre fusil, j'esquisse un petit sourire à l'attention de Frances qui reste Frances, c'est à dire aussi aimable qu'un pied de lit qu'on se prend le matin en se réveillant. Mais bon, c'est son caractère et puis je peux comprendre qu'avec tout ce qui se passe ce ne soit pas évident. C'est vrai, elle attend un môme dans un monde où tout nous rapproche de la mort, où chaque moment d'inattention peut nous coûter cher, la preuve avec ce qui vient d'arriver. Cela dit, ça ne l'aurait pas tué de dire un simple merci. Et non, je ne l'ai pas fait pour ça, c'était normal de l'aider, mais elle aurait fait preuve de politesse tout simplement. Enfin, bon...

Retournant à l'intérieur, Isiah a une nouvelle fois droit à des mots doux. C'est dingue à quel point elle peut être sèche et froide, mais là, ce n'est pas mon problème. Il l'avait choisie hein. Je ne réagis pas à ce qu'elle dit et m'étale au sol pour regarder sous deux étagères, espérant trouver quelque chose d'intéressant, mais à part de la poussière et des bouquins, rien pour l'instant. En me tournant vers mes camarades, je les vois en train de contrôler le contenu des sacs. Pas con. Je me relève alors en prenant appui sur l'étagère et passe le regard devant quelque chose qui m'intrigue. Regardant de plus près, je vois un bout de sachet dépasser derrière une rangée de livres. Enlevant ces derniers pour les poser à côté, je trouve un sachet de cacahuètes et l'agite fièrement avant de le mettre à l'arrière de mon sac « Apéro ! » lançais-je sur le ton de la plaisanterie dans une tentative un peu sotte de détendre l'atmosphère.

Haussant les épaules, je préfère laisser le couple tranquille, j'attrape juste un sac au passage et ouvre la grande fermeture dans l'espoir d'y trouver quelque chose d'intéressant d'autant plus qu'il ne semble pas vide. Mais la déception est au rendez-vous puisqu'à l'intérieur s'y trouve un gros pull, sauf que les vêtements ne sont plus un problème depuis bien longtemps. Laissait le sac retomber au sol, un bruit me titille. Me mettant accroupie, j'ouvre la pochette à l'avant et y trouve un paquet de crackers, comme ceux dans Le Terminal où Tom Hanks se fait des sandwichs avec en ajoutant juste des sauces comme du ketchup. Sans réfléchir, je répète à plusieurs reprises « Krakozia, Krakozia ! » en repensant aux différentes scènes du film. Et hop, le paquet finit dans mon sac.

Si au tir je ne me montre pas chanceuse, en revanche dans cette pièce c'est autre chose, pour l'instant en tout cas. Toujours est-il que je me remets à regarder un peu partout, comme si une illumination me frapperait pour me dire Eh ! Par ici!, et c'est en quelque sorte le cas dans le sens où je vois un Eastpak rouge qui me fait de l'oeil. Je contourne la schtroumpfette grognonne et je m'assois en tailleur face au sac. C'est presque comme à Noël où on ouvre avec une certaine impatience les cadeaux au pied du sapin le matin du 25 décembre. Et dans ce paquet une bouteille de Fanta nous est offerte.... Je n'aime pas cette boisson, mais bon, ça donne du sucre hein. « Va pour la réserve après alors... » répondis-je finalement sur un ton détaché