Clairement ce n’était pas lui qui avait vomi ses tripes quelques instants plus tôt, sinon Isiah aurait largement compris qu’ils pouvaient se permettre de négliger un peu cet endroit. Après tout il n’y avait qu’un seul bébé en route, pour autant qu’elle sache, alors ils n’avaient pas besoin de dévaliser l’endroit. Le blond tentait encore de détendre la situation avec une plaisanterie, tout en sachant pertinemment que ça ne faisait que l’irriter davantage, surtout dans son état. « T’es sûr que c’est pas risqué de se séparer ? » Mais elle savait que l’ancien serrurier avait son idée et qu’aussi convaincante soit-elle, elle ne parviendrait pas à le faire changer d’avis.

Billy s’approcha d’elle, assurant d’un regard à Isiah qu’il veillerait sur la future mère. Frankie de son côté était sûre qu’elle devrait s’occuper du vieux, à son âge c’était un miracle qu’il ne soit pas encore mort. « Tout va bien se passer Frankie » lui assura-t-il avec son accent irritant qui parvenait à rendre sa voix pourtant apaisante toute aussi agaçante. « Ils ont intérêt à faire gaffe » grinça-t-elle entre ses dents avant d’avancer vers la porte qui indiquait « Staff only. »

Frankie n’était rassurée pour ses fesses, ni pour celles d’Isiah. Hannah avait été acceptée dans leur groupe parce qu’elle était la dernière famille de Nigel et que la brune savait reconnaître l’importance de la famille, mais elle ne savait pas dire si elle lui faisait assez confiance pour ne pas être un boulet lors de cette sortie. Secouant la tête pour se concentrer sur ce qui les attendait derrière cette porte, Frankie récupéra sa hache, la tenant fermement dans sa main avant de faire un signe de la tête à Billy. Elle ouvrirait la porte, il passerait devant.

Sans être convaincue par le plan, Frankie avait pris la direction de la partie du bâtiment réservé au personnel, suivie de Billy. Avec un peu de chance personne ne serait blessé, avec beaucoup de chance ils ramèneraient tout un tas de choses utiles au Conservatory. Mais comme la chance n’était pas au menu du jour, lorsque la brune posa sa main sur la poignée pour ouvrir la porte, elle eut la désagréable surprise de la trouver fermée. Frankie força rapidement, secouant la poignée, sans le moindre succès, il fallait se rendre à l’évidence. « Fait chier … » siffla-t-elle avant de soupirer. « On peut peut-être essayer de la forcer. »

Le vieil infirmier à la retraite observa la porte, il pensait sans doute à tout un tas de façon de faire pour la déloger de ses gonds en faisant pression d’une manière ou d’une autre. Frankie de son côté agita sa hache devant son nez. « Tu vas faire un boucan de tous les diables avec ça Frances. » « S’il y a quelqu’un ici, il sait déjà qu’on est là avec le bruit de la porte tout à l’heure. On va pas trainer ici pendant des heures alors qu’Isiah est parti jouer les explorateurs dans le magasin de l’horreur. » En soit ce magasin n’était pas plus effrayant qu’un autre, ou plutôt ce qui le rendait effrayant ce n’était pas tant la pénombre et le silence.

« On va essayer de forcer cette porte. Y’a pas de raison qu’elle résiste à ma hache. » Prête à abattre le tranche de son arme sur la poignée, Frankie fut néanmoins stoppée par Billy. « Laisse-moi essayer. » La brune soupira, il essayait sans nul doute de la protéger. Elle était enceinte, elle était au plus mal, mais elle était encore valide. « Comme tu veux, tant qu’on arrive à passer cette porte pour voir ce qu’il y a de l’autre côté. »

Isiah avait donc laissé filer Frankie à son sort avant de se diriger avec Hannah vers la structure en carré. Il avait beau être sérieux et focalisé sur l’objectif, il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter, il avait une confiance absolue en Frankie mais maintenant qu’elle devait vivre pour deux il ne pouvait retenir une certaine angoisse, il doutait un peu de ses facultés de par la grossesse qui pouvait toujours se montrer cruel à certains moments. Et puis on avait beau dire, l’Allemand n’était pas seul, il devait aussi s’assurer d’Hannah. Depuis sa récente arrivée, Isiah avait toujours traité cette dernière comme une adulte indépendante et forte mais malgré tout, il s’agissait là d’un endroit dangereux et il ne pouvait sous-estimer le risque, il devait veiller sur elle en plus de lui, il le devait avant tout pour Nigel mais pour aussi pour toutes les fois où il avait failli avec sa propre fille.

Ainsi le duo s’attela aux rayons, le serrurier se contenta d’un large sourire pour la demoiselle lorsqu’elle lui demanda pour la courte échelle avant de lui tendre la lampe une fois cette dernière hissée. Une chose était sûre, elle ne manquait pas de courage. Sans trop de soucis, le sportif rejoignit la petite sœur avant que cette dernière ne remarque un passage, d’une petite tape dans le dos, Baumann lâcha un simple et léger : « Super, bien joué. Faisons attention maintenant. » Puis sur ces mots les deux se laissèrent tomber via le passage avant d’être grandement accueilli par un petit comité.
Sortant son arme à feu et son canif, le blond ne voulait se résignait à utiliser son revolver, l’espace était suffisamment grand pour les gé… eh merde ! À peine avait-il essayé de compter le nombre et de réfléchir à une solution qu’il entendit le petit cri d’étonnement de sa camarade et la lumière qu’elle tenait se délocalisa sur le sol. Ni une, ni deux, le serrurier dans un pur mouvement d’instinct écrasa sa lame dans la tête de la carcasse rampante, le regard noir et la mine sévère.

Les traits de l’Allemand ne se défirent pas de suite et il tendit son bras tenant le revolver devant Hannah comme pour faire signe qu’il la protégeait. Et alors que cette dernière repointa la lumière en direction du reste de la pièce, le trentenaire lui lança sans se retourner : « Ça va, tu n’as rien ?  On va contourner le canapé pour les gérer. *dit-il tout en se dirigeant vers le meuble* Je m’occupe du plus gros, je te laisse couvrir mes arrières. *puis reprenant un peu du poil de la bête* Héhé, t’es mon phare dans la nuit. » Sur ces belles paroles il donna un violent coup de pied frontal pour renverser la raclure la plus proche qui vint s’écrouler sur d’autres puis recula doucement pour que le canapé lui serve de protection sur le flanc. Ainsi ils gèreraient progressivement le groupe de créature à l’aide de la sœurette.

Soupirant, Frankie tendit son arme à Billy. Elle doutait qu’il ait plus de force qu’elle, c’était certes un homme mais il était plus âgé mais s’il voulait jouer le papy protecteurs alors qu’il fasse. Au moins elle se fatiguerait moins. Le premier coup de hache résonna aussi fort qu’une cloche, pour la discrétion ils repasseraient c’était certain mais comme l’avait dit la brune, s’il y avait quelqu’un dans ce bâtiment il était déjà au courant de leur présence. Avec la même force, le vieillard frappa à nouveau dans la poignée pendant que la coréenne surveillait leurs arrières. Son Glock et sa lampe torche en main. Il lui semblait entendre du bruit plus loin, peu rassurée de savoir Isiah et Hannah perdus au milieu du magasin, mais le blond avait insisté donc il n’avait qu’à se débrouiller.

Trois coups, quatre, cinq, le bruit était assourdissant mais l’ouvrage porta ses fruits. La poignée céda, tombant au sol alors que Billy poussait la porte. « Je vais passer devant Frankie, ça te va ? » Si ça lui allait ? Difficile à dire, elle préférait couvrir elle-même ses arrières mais en même temps ça n’était pas rassurant. Ils n’auraient pas dû se séparer, elle en était persuadée mais monsieur Baumann avait décidé autrement. « Ouais … Allons-y. » La brune récupéra sa hache après avoir rangé son Glock, elle préférait de loin utiliser sa hache pour se défendre si besoin. Sa lampe dans la main gauche, la hache dans la main droite, la diva emboita le pas au retraité qui venait de pénétrer le premier dans la pièce suivante, prudent. Quand faut y aller …