Se claquant le visage, le blond passa doucement ses mains contre sa barbe, il devait rester confiant et serein car à présent il était tout seul. Inspirant profondément l’Allemand expira avec douceur avant de calmer ses respirations puis de caler soigneusement son canif dans la main. Jetant un coup d’œil au contour de ladite porte, il ne fut pas difficile de tomber sur les précédents coups de hache de son amante. Que s’était-il passé ? Le blond fronçant les sourcils se contenta de hausser les épaules avant de s’enfoncer dans ce couloir, de toute manière il tirerait ça au clair quand ils débrieferont de cette petite escapade, à présent il devait être prudent, personne ne couvrait ses arrières. Ce sentiment, le terrifiait et à la fois lui manquait, si personne n’était là pour lui, c’était surtout lui qui n’avait pas la responsabilité d’autres sur son dos.
Enjambant soigneusement les cadavres qu’avait bravement achevés le vieil homme, Isiah finit par arriver devant une intersection, un ancien et minuscule hall où l’on pouvait encore voir les récap’s promotionnels de la boutique. Le serrurier se retrouve compris entre de vieux sanitaires et une pièce de merdier, malgré tout ce dernier prit la peine d’inspecter avant de continuer son chemin, traversant un autre couloir, plus cette fois-ci : toujours à pas de loup, silencieux et agile, l’Allemand soupirant de dépit en voyant que l’endroit avait été une véritable forteresse de secours reconvertie. Ce monde était devenu bien cruel et abominable, voir autant de raclures dans cet endroit : il comprenait à présent. Que s’était-il passé ? Étaient-ils tous mort de faim et finalement les quelques survivants avaient fini par les enfermer ? C’était une mort tout simplement abominable.

Continuant sa route finit par arriver par ce qui semblait être la finalité de cette partie équipier, au-dessus de lui il pouvait encore entendre ces foutus râles d’agonie de la part de raclures tandis qu’une autre porte verrouillée se tenait à côté de lui. Le blond devait en priorité se charger du danger, rien ne l’empêcherait de repasser inspecter cette porte par la suite. Fermant les yeux quelques secondes, il s’insuffla le courage du mieux qu’il pouvait avant d’emprunter les escaliers dans le but d’en finir avec les souffrances de ces saletés. Essayant tant bien que mal d’être silencieux, il prépara son canif, prêt à planter la première chose qui passait à sa portée, éclairant en priorité le sol devant lui pour éviter de capter trop l’attention.

Avançant doucement dans ce lourd silence régulièrement interrompu par des râles, Isiah fut surpris de ne tomber sur aucun obstacle avant de rapidement arriver devant deux pièces : si son regard se posa naturellement sur les caisses marquées, son oreille le fit se retourner en direction de l’infirmerie improvisée mais cette fois-ci, il n’y avait plus rien à craindre. Le danger avait donc été maîtrisé depuis longtemps. Là juste devant lui, se tenaient trois pauvres raclures encore complètement ligotées et qui essayaient d’échapper à leur destin avec une certaine vigueur propre à ces saletés. Une douce et apaisante lumière naturelle était filtrée à travers cette pièce recouvrant d’un doux halo blanc les corps prisonniers, malgré les râles d’agonies un certain calme se dégageait de cette pièce mais alors que l’ancien serrurier fit le premier pas à travers la pièce, canif à la main et prêt à achever ces pauvres âmes en peine, une petite chose renversée à même le sol attira son regard.

À peine avait-il remarqué le berceau, que le blond entendit à nouveau le bruit de raclement qui hantait ses nuits, il fut projeté dans ses souvenirs se revoyant courir à travers la forêt avant de tomber sur ses saletés qui raclaient le petit cadavre de sa fille, sa Rebecca. Alors qu’il pouvait encore entendre cet horrible grincement des larmes perlèrent sur ses joues et ses jambes se figèrent totalement. S’il ne pouvait se permettre de crier, le blond hurla de ton son être en silence, tandis que ses genoux ne purent supporter le poids de la scène. S’écroulant de fatigue, Isiah resta de longues minutes à contempler la scène macabre, le canif levé et prêt à achever ce petit être pourtant le cœur ni les souvenirs n’y étaient pas. Pourquoi était-ce à lui de tomber sur ces choses-là ? Pourquoi devait-il toujours revivre la même chose ? Il serra les dents de toutes ses forces, essayant d’aller contre sa volonté. Ce n’était pas un simple nourrisson, cette chose c’était bien plus : c’était pour lui tout un symbole, toute sa faiblesse et sa fragilité, tout ce dont il avait incapable de faire, tout l’horrible personnage qu’il était dans le fond. Il n’avait pas été en mesure d’achever Rebecca pourquoi y arriverait-il maintenant ? Il voulut crier de toutes ses forces mais finalement c’est sa voix qui lui fit défaut, il avait beau ouvrir grand la bouche, aucun son ne put sortir tandis que sa lame s’abattit à répétition, encore et toujours, sur ce pauvre petit corps.

Après de longues minutes, il s’arrêta, complètement figé. Le serrurier resta ainsi, agenouillé au beau milieu de la salle contemplant l’horreur tandis que le monde et même ses camarades continuaient de tourner. Il n’avait plus envie. Il avait juste envie d’attendre, d’être rejoint par Frankie, de pouvoir se réfugier au creux de son cou, d’en oublier ses problèmes. Malheureusement, le reste du groupe avait besoin de lui… Reprenant ses forces, il se releva puis vint achever une à une les raclures dans le plus grand sang-froid, avant de retraverser le couloir et d’inspecter les différentes caisses mises à disposition.

C’était la merde. Frankie souffla doucement, elle était agacée et avait envie de quitter cet endroit sans laisser vivre cet individu autrefois humain, mais si elle risquait la vie d’Hannah, elle aurait dû personnes sur le dos. Billy était déjà dans un sale état. « Okay, okay ! » pesta-t-elle lorsque la femme insista pour avoir de la nourriture. La brune baissa son arme délicatement. « Je vais te donner de la nourriture, okay ? Pas de geste brusque … je dépose mon arme et je te donne de quoi manger. » Il y avait quelque chose qui lui faisait pitié en regardant ce qui avait sans doute été une personne normale avant tout ce merdier.

La coréenne glissa la sangle de la carabine à son épaule et récupéra son sac à dos pour en sortir des paquets de crackers qu’ils avaient trouvé plus tôt. « Voilà, j’vais lancer ça vers toi. Tu la lâches, okay ? » Un regard échangé avec la blonde pour lui signifier de courir lui de cette folle dès qu’elle en aurait l’occasion et Frankie lança le paquet de crackers quelconque dans la direction de la sauvageonne. Il fallait espérer que cela suffise, parce que dans tous les cas, c’était Isiah qui avait presque toute la bouffe avec lui, Hannah avait quelques trucs sans doute mais elle était quelque peu occupée pour l’instant. Récupérant une bouteille d’eau dans son sac à dos, Frankie la montra à l’inconnue. « Boire ? » Mieux valait rester simple vu l’élocution dont elle avait fait preuve jusque-là.