Je déglutis alors que je hoche vaguement la tête quand Joey annonce qu’il fait jour. C’est déjà une bonne chose. On a survécu à la nuit. Akiko a fait du bon boulot et a bien immobilisé ma jambe sans la comprimer. Je devrais pas la perdre. Normalement. Pour autant, je me sens partir assez régulièrement et il me faut toute la concentration du monde pour pas que ça arrive. J’ai arrêté de trembler mais je suis pas hyper sûr que ce soit une bonne chose par contre. Et j’ai pas réussi à fermer l’oeil de la nuit, la douleur se rappelant à moi dès que j’ai le malheur de respirer un peu trop fort.

Mais là, va falloir bouger. Faire quelque chose. Sinon on va crever là. A la remarque de Joey je souffle, avec un sourire sans joie. « Ouais va falloir gérer avec un sacré handicap là. » J’ai un bref regard en direction de la fenêtre, songeur. « Si Serena va… chercher la voiture. Et la rapproche de la fenêtre. Ca peut pas se tenter vous croyez ? » Je renifle un coup et je secoue la tête pour chasser de nouveau le malaise qui me vient et je continue, comme si de rien était. « Au pire, vous me traînez comme un sac de pommes de terre si je tourne de l’oeil. Si je me réveille avec un cocard, je vous promets que je vous en voudrais pas. » Tant que je me réveille.

… ouais bon, on va éviter de s’égarer. C’est déjà compliqué de pas tourner de l’oeil, on va pas se mettre à penser à ce qui va pas en plus du reste. Dans tous les cas, quoi qu’on fasse, faut choper un rôdeur pour se camoufler. Que ce soit Serena ou quelqu’un d’autre. Histoire de voir ce qui se passe dehors et ce qu’on pourra faire. Je la suis des yeux, essayant d’ignorer l’appréhension qui me gagne quand ils poussent les meubles et qu’elle sort en silence. Et je me rends même pas compte que j’ai retenu ma respiration jusqu’à ce qu’elle revienne en traînant un cadavre. « … bien joué. » Putain, même aligner deux mots ça devient compliqué. Et je sens la sueur sur mon front alors qu’il fait pas chaud du tout, bien au contraire. Okay. Tenir encore un peu. Ne pas être un poids mort qu’ils devront traîner. C’est tout ce qui importe. Pour le reste, ce qu’il adviendra de ma jambe, on verra plus tard.

Spoiler:

Elle n'avait pas fermé l'oeil, ou si peu. Reena ne faisait que réfléchir, encore et encore, aux façons de sortir d'ici. Et avec tout le monde en vie, préférablement. Nolan n'allait pas mieux, la militaire n'en était pas du tout surprise. Elle s'y attendait. Mais Joey avait raison, ils ne pouvaient plus rester ici. Il fallait agir. Les quelques rayons de soleil qui pénétraient l'immeuble pourraient au moins les aider un brin. Il suggérait ce à quoi elle pensait depuis un moment déjà; tenter d'aller chercher le talkie. C'était peut-être leur seule chance. Elle hocha la tête, sérieuse. Si c'était faisable? Certainement. Est-ce qu'elle pouvait garantir le succès de l'opération? Pas du tout.

Elle avait discrètement regarder dehors, à travers la petite fenêtre, quand le doc avait parlé de voiture. « Je sais pas si la bagnole peut vraiment se rendre ici. » répondit-elle, pensive. Elle avait esquissé un sourire à sa tentative de blague, avant de lever les cils vers Watson. « On a rien d'autre pour le réchauffer? » Non parce qu'il allait prendre froid bien vite avec cette blessure.

Enfin, il était entre bonnes mains avec la vétérinaire. Un regard à Joey, qui se voulait encourageant, et elle s'éclipsait. Une fois l'armoire déplacée, elle se faufila à l'extérieur du cabinet. Son plan était de trouver le mort le plus amoché, évidemment. Elle se jeta sous une table d'examen, attendant le moment opportun pour couper les talons d'Achille du premier venu. Il se fracassa la tête par terre. Elle l'acheva sans trop de mal, et jeta quelques instruments médicaux à l'autre bout de la pièce pour attirer l'attention des décomposés plus loin. Martinez retourna auprès des siens en traînant lentement le corps jusqu'au cabinet, espérant simplement que quelqu'un pourrait lui ouvrir rapidement.

Une fois de nouveau à l'abri, elle avait laissé tombé le rôdeur sans précaution, s'écroulant elle aussi au sol, épuisée. La miss n'était pas blessée, mais elle avait besoin de souffler. Le bien joué de Nolan la ramène à la réalité, et déjà, elle ouvrait l'abdomen du monstre pour s'enduire de merde. Ses traits ne traduisaient aucun dégoût, trop concentrée sur ses objectifs. Une fois couverte de sang et de tripes, elle posa les yeux sur ses camarades. « Prenez ce qui reste pour enduire autre chose, on sait jamais. » Elle n'ajouta rien, n'hésita même pas, avant de repartir. Elle ne reviendrait pas sans ce talkie.

Spoiler:

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Résumé:

Ce n’était pas passé loin. Pourtant une quinzaine de morts s’étaient retourné vers lui. Il n’avait dû sa survie qu’à la réactivité des autres qui avaient profité que les morts étaient tous concentrés sur lui pour les abattre tous un par un. Jusqu’à ce que Selene ne s’adonne à un certain degré de violence qui le laissa une seconde pantois. Il la voyait différemment depuis quelques temps. Parce qu’il ne pouvait pas faire semblant de ne pas savoir. Il avait toujours foi en elle, il considérait toujours qu’elle n’était pas dangereuse pour eux, même avec ce qu’il s’était passé avec Milow. Mais il s’inquiétait pour elle, plus qu’avant. Il détourna les yeux rapidement, pour éviter qu’elle ne remarque son regard et remercia tout le monde avant de se mettre au travail.

Comme les autres, Lisandro se recouvra entièrement de sang et de tripes, posant un collier d’intestin sur son écharpe de toute façon foutue. « Pas trop près des yeux, ni de la bouche, ça reste du sang contaminé. » Dit-il comme avertissement. Il ne s’agissait pas de lésiner sur les moyens, mais il était hors de question que quelqu’un se fasse infester de cette façon – ce serait vraiment très con.

Le plan fonctionne. Ils parviennent à s’infiltrer en imitant les morts autour d’eux. Des gestes lents, une respiration contrôlée, il n’y a que son cœur qu’il n’arrive pas à faire taire. Si fort comparé à certains morts qu’il croisait, la cage thoracique ouverte. L’odeur était épouvantable et la proximité de ces morts, glaçante. Le bruit était comme assourdissant ; les ongles qui grattent les murs, les grognements rauques qui résonnaient dans les couloirs. Et pourtant, quand Cora marcha sur une fiole à terre, le bruit de verre brisé lui sembla se répercuter dans tout le bâtiment. Ce n’était absolument pas le moment. Stoppé net dans le couloir, Lisandro resserra sa prise sur son pied de biche quand il sentit les morts se tourner vers leur groupe.

Spoiler: