L'explication de ce chaos tenait donc en une réponse aussi ''simple'' que celle-ci ? La faiblesse d'un seul homme entraînant une folie obsessionnelle toute scientifique et deux victimes entraînant autant de dommages collatéraux ? Un vaccin aux effets secondaires catastrophiques ?
Allongée dans son lit , sanglée, impuissante, elle se contente de fixer le plafond alors qu'elle encaisse le discours de June, ne sachant pas réellement quoi ressentir vis-à-vis de leur leader pas plus que des mots sortant de sa bouche et s'ancrant profondément dans son esprit. Certains se répercutent dans sa boîte crânienne : mutation, effets secondaires, épouvantable, abattu, la formule la plus prometteuse, aucune certitude concrète....

Aucune certitude concrète.

Quelle certitude avait-elle, à sa minuscule échelle ? Que les effets secondaires du vaccin ne s'arrêteraient pas d'eux-mêmes après cette nuit, qu'ils pouvaient se déclencher n'importe quand, avec n'importe lequel de ses camarades. Combien de temps avant qu'elle ne se transforme en l'une de ces choses et qu'elle ne décide de faire d'un de ses patients, d'un de ses amis son en-cas personnel, de le blesser grièvement comme Eve ou Quinn ? Trop de questions pour un esprit encore enfumé par le sédatif, et pas assez de temps pour répondre à toutes. Trop d'incertitudes concernant le sérum et trop d'épouvantables certitudes sur le fait de ne pas le prendre. « Faîtes confiance à la science, pas aux scientifiques. » Elle ne parvient plus à savoir où cette phrase a déjà été entendue mais elle finit par se redresser maladroitement, autant que ses liens le lui permettent pour faire face aux trois nouveaux arrivants.

Elle hésite. Mille questions lui traversent l'esprit mais la plupart ne seraient pas avisées pour un public aussi nombreux. Loin d'être spécialiste de la biologie moléculaire, Maeve ne veut noyer personne dans des discours médicaux qui ne feraient pas avancer les choses et contribueraient à embrouiller un peu plus les esprits. Elle aurait le temps pour de plus amples explications plus tard. « Loin de moi l'envie de rester dans cet état et de craindre pour le restant de ma vie de devenir.... ce que j'ai vu cette nuit mais... » c'est sur Friedrich que son regard se pose, le plus à même de lui fournir quelques précisions, et probablement celui en qui elle a le plus confiance présentement. « Mais je refuse de sauter dans un inconnu aussi total sans savoir où je mets les pieds, au moins un minimum. Qu'est-ce que vous entendez par ''la formule la plus prometteuse'' ? Quelles sont les chances d'amélioration ? Vingt pour cent ? Cinq pour cent ? Quatre-vingts ? »

La surveillance médicale ne la dérangeait pas, ni de se faire piquer toutes les six semaines si les statistiques parlaient en faveur de ce sérum. Mais prendre le risque d'une injection et terminer comme Vaughn, Sacha ou même Lawrence non. Pas avec la menace de tuer, pas avec la menace extérieure à leurs portes...

Spoiler:

- Prévenez-moi dès qu'ils reviennent.

A peine Stan était-il sorti de chez June, qu'il reçut des nouvelles d'Agate et de ses équipes à l'extérieur du camp. Il avait espéré avoir davantage de temps devant eux, il s'était trompé. Le timing n'aurait pas pu être pire, mais sûrement devaient-ils s'estimer heureux que cette attaque n'ait pas été de plus grande envergure.

Il était donc plus que préoccupé lorsqu'il rejoignit à son tour le dispensaire. Se reposer ? C'était impensable. Pas après les évènements de la veille, pas avec toutes les inconnues qui restaient. Il n'avait aucune idée de la manière dont les vaccinés prendraient réellement leur discours. Comment ils vivaient cette dépossession d'eux-même. Il devait voir Casey. Elle était sédatée quand il était passée plus tôt dans la nuit. Ce matin, alors que l'aube pointait doucement, elle était réveillée, depuis peu. Il la trouva fâchée. Contre lui ou le reste du monde, difficile à dire. Il peinait à obtenir des réponses à ses questions.

- J'en sais pas plus pour le moment, lui dit-il en évoquant l'attaque d'Agate. Il pinça les lèvres. Elle savait que Graham et Eddie étaient là-bas la nuit dernière, elle devait partager son inquiétude. Parle moi Cas', s'il te pl... Il se fit toutefois couper par Lizzie, qui était venu le prévenir.
- Ils sont là. Phelbs et Eden. Il fit un hochement de tête en se redressant.
- J'arrive.

Quelques courtes minutes plus tard, alors que June prenait la parole, s'il se trouvait un peu en retrait d'elle, il restait toutefois à ses côtés. Il était important qu'ils affichent une certaine unité.

Spoiler:

Elle aurait mieux fait de se taire. C’était ce qu’elle disait. Valentine ne regrettait pas ce qu’elle avait dit. De toute manière, à quoi bon ? Personne ne serait d’accord, et c’était certainement sain. Valentine n’en demeurait pas moins frustrée. La situation actuelle leur donnait raison, elle le savait bien. Pour autant, il n’y avait pas de complot, il n’y avait pas eu de piège. Et ils n’avaient pas été considérée comme des cobayes. C’était ce qu’elle croyait. Les conséquences de leur affliction n’avaient pas été préméditée, quel intérêt ? Celui de mettre à mal toute la population ?

L’horticultrice ne put que suivre du regard Casey qui semblait bien déterminée à mettre les voiles, et avec le panache de l’insolence et de l’immaturité. Si pour l’insolence elle ne pouvait rien dire, l’immaturité semblait un trait de caractère qu’elle avait apprivoisé avec plaisir. Valentine n’était pas mère, alors elle ne pouvait pas comprendre ? Ce qu’elle comprenait c’était qu’ils étaient un danger pour leur proche, et qu’il fallait arrêter de se regarder le nombril en s’estimant invincible. Mais la scène suivant eut le mérite d’arracher un sourire à Valentine.

Et dans cette pièce de théâtre, entrait en scène June, Stanley et Friederich. La nuit avait déjà été rude, la française était fatiguée d’avoir dormi. Le comble. Valentine tourna la tête vers June, écoutant les nouvelles qui arrivaient au fur et à mesure, les regards lancés, et elle soupira. Maeve souleva la nuance, « la formule la plus prometteuse », qui ne voulait pas dire, le remède à tous leurs problèmes. Il fallait peser le pour et le contre, et forcément dans la situation actuelle, l’envie de se défaire des liens et de quitter cette pièce pesait dans la balance du pour. Au moins les trois nouveaux arrivants avaient décidé de faire front commun. « Ce n’est pas un remède, pas pour l’instant en tout cas. Un pansement au mieux, une muselière au pire. » soupira t-elle. Valentine détestait l’espoir, mais elle détestait encore plus cette pièce.

« De toute manière, au point ou j’en suis. Cobaye un jour, cobaye toujours. Il faudra bien des volontaires pour tester vos mixtures de toute manière. » reprit-elle avec cynisme, en faisant sonner les liens sur le lit. Elle voulait sortir. C'est parier sur le poulain habituel de toute manière. Tout ce qu'elle savait c'était qu'elle ne supporterait plus les migraines, les nausées, qu'elle attraperait la première opportunité pour s'en débarrasser. Ce n'est pas aujourd'hui qu'elle terminerait son contrat de cobaye, autant aller jusqu'au bout.

Spoiler:

Je suis encore un peu groggy, pas forcément en forme. Mais la réunion qui se passe là nous permet d'avoir quelques éléments à nous mettre sous la dent. La bouche encore pâteuse, j'évite au mieux d'adresser un quelconque regard à Stanley, parce que je suis trop en colère pour ça. Et ce qu'annonce June est pas pour me mettre totalement en joie. Mes yeux dévient vers Adam un bref instant : je sais pas ce que le zig a prévu, probablement pas grand chose. On sait pas trop ce qu'on va subir ensuite, même si de fait, est-ce que ça pourra être pire que cette soirée ? Est-ce qu'on va se transformer comme Vaughn et Sacha ? Dans tous les cas, ça voudra dire qu'on le saura et donc que des mesures seront prises pour ça.

Les autres parlent, il y a forcément des réticences. Valentine parle de pansements, et ça, c'est au mieux dans l'histoire. Mes yeux se posent finalement enfin sur Stanley, en retrait, dans l'ombre de June. Je crois que l'image a quelque chose de marquant. Il manque que Madisson de l'autre côté, et le paysage sera complet. Ce serum aura peut-être l'avantage de les emmerder. Si je me propose et que Stanley me suggère de renoncer immédiatement, on saura à quoi s'en tenir :

Je suis volontaire, que je dis simplement.

Spoiler:

Evidemment ce qui se disait n’était pas la réponse qu’ils attendaient. Lui-même aurait préféré pouvoir leur dire qu’il avait le remède à tous les maux, qu’ils seraient débarrassé de leurs problèmes une fois que le sérum serait injecté, mais ce serait un mensonge. Il n’y aurait pas de garantie, ils ne feraient pas la même erreur que l’été dernier en se montrant trop confiant, ils méritaient tous l’honnêteté de leur trouvaille. Ce fut Maeve la première à s’exprimer et à s’adresser à lui. Les explications scientifiques lui revenaient après tout. « Ce sérum a pour objectif une disparition totale des effets secondaires pendant une période de quatre à six semaines. Les projections faites d’après des tests réalisés sur des souris et des porcs sont plus qu’encourageantes et nous offre actuellement la meilleure solution que nous ayons à ce jour. » Dit-il avec assurance. « Il ne faut pas oublier que cette situation, ce virus est inédit et que nous continuons à en apprendre toujours plus à son sujet. De ce fait, même si tout nous pousse à nous montrer confiants quant aux résultats, nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle surprise. » Dit-il avec franchise.

Il fait quelques pas en avant, avant de reprendre avec sérieux. « Si nous vous proposons ce sérum aujourd’hui, c’est parce les différentes crises des vaccinés et les événements de cette nuit ont mis en évidence l’urgence de la situation et l’importance d’y apporter une solution. Et ce n’est en aucun cas pour le plaisir de pratiquer des tests sur vous. » Dit-il, en réponse à la réaction de Valentine les traitant de cobayes. Il aurait préféré leur offrir la solution miracle, mais elle n’existait pas. Pas encore. Casey Summer le surprit alors, en se présentant comme volontaire pour l’administration de ce sérum. Soulagé, le généticien hocha la tête à son intention pour la remercier, même s’il était un peu surpris que la jeune femme leur fasse aussi rapidement confiance. Il se tourna ensuite vers les autres pour répondre aux éventuelles questions.

Spoiler:

L'atmosphère est tellement lourde que j'me demande si c'était pas mieux quand tout le monde hurlait. La fatigue nous a tous forcés à nous calmer et à rester dans notre tête. La rousse entra enfin pour faire son long discours sur le responsable et la solution miracle qu'ils avaient. Maeve posa exactement les questions que j'avais en tête avec des termes plus scientifiques et en poussant un peu plus loin le questionnement. Pour les autres, j'suis pas trop surpris d'leur réaction, à part peut-être celle de Casey, qu'j'aurais pensé plus méfiante. Les gens passent à côté du plus gros, mais j'm'empresse surtout d'répondre à s'que l'scientifique raconte. "Ouais en gros, ça marche une fois d'temps en temps sur les porcs, et peut-être que sur nous ça marchera. Ou peut-être aussi qu'on finira aveugle, transformé en monstre ou qu'on va mourir instantanément. J'suis p't'être pas bon en science, mais j'suis capable de comprendre qu'on va nous injecter un truc inconnu à la va-vite et qu'vous utilisez nos crises pour pousser la science plus loin." J'peste dans un soupire ses mots avant d'cracher entre mes dents. "Hitler a fait pareil avec les juifs, au moins il l'a pas fait sur son propre peuple."

Mes yeux s'étaient retournés vers June à ce moment-là, et j'me gêne pas pour la fusiller d'un regard noir. "C'est trop facile... Blâmer l'scientifique pour s'qu'il a fait. Au bout du compte s'que ça m'dit d'vous c'est qu'vous êtes au courant de rien. Vous êtes pas un chef, juste une marionnette des gens qui vous avise." J'marque une pause, pour prendre un respire sauf qu'j'la laisse pas glisser un mot. Même si elle reprend la parole, j'la coupe aussitôt. "Si dehors un chasseur fait un truc qui met en danger tout Fort Ward, JE serai le responsable... Vous vous cachez vos échecs derrière les autres." J'tiens mon regard défiant sur June peu importe sa réaction. J'espère bien qu'mes mots vont raisonner dans la tête des autres un peu, parce qu'ils acceptent un peu vite de s'faire baratiner n'importe quoi.

Spoiler:

Ce n'est franchement pas facile de lutter contre le sommeil. Non, vraiment pas. Assise sur un lit inoccupé, les yeux se fermant à un rythme régulier malgré ses efforts pour rester connectée au monde des éveillés, Zelda ne compte plus les fois où sa tête s'est affaissée sans son consentement. À défaut d'être vivace, l'adolescente reste néanmoins silencieuse. Personne n'a l'air de s'en formaliser pour l'instant. En fait, la plupart des adultes semblent même satisfaits. Ce qui est plutôt rare dès lors qu'il est question d'elle... Mais l'arrivée de June change tout ! L'australienne se redresse en sursaut et écarte des mèches rebelles de son visage avant d'adopter une posture martiale, emprunte d'une rigidité qui ne lui sied guère. Elle écoute le discours. Non, elle l'entend. Parce que toutes ses pensées sont orientées sur la classe internationale de la Boss et sur sa gestuelle parfaite. En fait... Tout est parfait ! Un petit sourire absent sur le visage, l'adolescente s'avance parmi ses aînés pour lâcher un : « Moi j'pense pas que j'devrais m'faire vacciner ! Pas parce que j'n'ai pas envie d'aider la communauté mais plutôt parce que j'suis trop précieuse pour qu'on m'perde... » lâche-t-elle, animée par  cette arrogante conviction. « J'suis l'futur, un peu ! » Elle hausse les épaules pour marquer son embarras puis se met à nouveau en retrait. Elle a un peu zappé un point essentiel : l'offre de la rouquine ne s'adressait pas vraiment à elle...

Et puis voilà qu'Adam tape un petit scandale. Visiblement sa dernière mise en garde ne l'a pas beaucoup impacté. L'adolescente se met en quête d'une seringue de sédatif mais n'en trouve aucune. Sûrement parce que les crises des immunisés semblent, pour l'instant du moins, révolues. Alors elle improvise. Chose qu'elle sait faire mais... plutôt mal ! Zelda tire son couteau suisse de sa poche mais n'en extirpe pas la lame. Elle cale la poignée dans son poing serré et saute sur le chasseur pour lui écraser l'une des extrémités métalliques sur le haut du dos. Dans les films, normalement, ça suffit à assommer les gens. Ou, en tout cas, à les faire taire. Mais bizarrement, là, ça ne fonctionne pas beaucoup. « Oh, pardon ! J'voulais pas faire ça ! » lui assure-t-elle d'une toute petite voix, se tortillant de gêne sur place. C'est trop l'air cooon ! Cette honte la pousse à courir loin du petit groupe. Loin d'une éventuelle vengeance d'Adam mais aussi du regard des autres membres du groupe. À chaque jour suffit sa peine...

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