Elle se débat comme elle peut, refusant d’être séparée de Selene, mais sa force de mouche ne peut rien contre les mains puissantes qui la traînent hors de la carcasse de leur pick-up. Puis ces mêmes mains la dépouillent de ses chaussures et du peu d’armes qu’elle a, avant de la forcer à s’agenouiller. Les chaînes qu’on leur impose pèsent terriblement lourd et elle sait déjà qu’elle va se fatiguer rapidement. Déjà, la douleur de ses côtes la scie en deux à la moindre respiration. Lorsqu’on abat un sac sur sa tête, elle sent sa panique atteindre des sommets. La grande inspiration qu’elle prend inconsciemment avant que le noir se fasse lui déchire l’estomac, et très vite, le sac bat au rythme de ses terreurs contre son visage.

Plongée dans l’obscurité, ballotée par les cahots de la route, le trajet semble interminable. De toutes ses forces, la blonde tente de capter un indice, un nom, un bruit caractéristique, n’importe quoi qui lui permettrait de savoir où ils sont, où ils vont, et avec qui. Malheureusement, elle est trop peu au contact des groupes extérieurs pour comprendre quoi que ce soit. Lorsque le véhicule s’arrête, elle tend encore une fois l’oreille, attentive au changement de sol sous ses pas nus. Mais la fatiguée, conjuguée au stress et à la douleur, ne l’aide pas à en savoir plus.

A nouveau, on la guide à travers un dédale, une main empoignant fermement chacun de ses bras. Lorsque l’écho de leurs pas se fait légèrement plus distant, elle suppose qu’ils ont quitté le couloir où ils circulaient pour un espace plus grand. Elle n’a pas le temps de réfléchir plus que les mains la forcent brutalement à prendre place sur une chaise, étouffant un grognement de douleur. Les pas s’éloignent et une porte claque, résonnant un instant contre les murs.

Par réflexe, Juliet arrache aussitôt le sac qui lui couvre la tête, avec l’impression de respirer véritablement pour la première fois depuis plusieurs heures. Après quelques inspirations profondes, la tête rejetée en arrière par le soulagement, elle observe enfin son environnement. Les murs immaculés l’aveuglent un peu, mais elle repère la couverture verte, de même que la bouteille d’eau et la miche de pain. Méfiante, et malgré sa gorge sèche et son estomac gargouillant, elle préfère ne pas y toucher. De toute évidence, ils ne sont pas chez des alliés. De même, elle ne s’approche pas de la couverture. Il y a mille et une façons de torturer un ennemi, et enduire une couverture en apparence inoffensive d’un poison urticant est l’une d’entre elles. Remontant péniblement une jambe contre sa poitrine, elle pose ses bras croisés sur son genou et y enfoui son visage, prête pour une attente interminable.

Spoiler:

Elle ne quitta pas le regard de Raina jusqu'à ce sac qu'on vient enfoncer sur sa tête, bloquant sa vue. Son coeur s'emballant dans sa poitrine alors qu'elle restait impassible de l'extérieur, contenant ses muscles tendus par l'angoisse et la frustration. Et si elle ne tenta pas de se débattre, une partie de son esprit en mourrait d'envie. Mais il aurait été bien fou, que de tenter Yama ici et maintenant, en terrain inconnu.
Ce ne fût qu'une fois l'écho des voix et le silence revenu, qu'elle vint sèchement retirer le sac. Tirant par réflexe sur ses chaînes qui ne bougèrent pas d'un pouce, essuyant un grognement de frustration en constatant qu'elle ne pourrait pas faire mieux dans l'immédiat. Jurant dans sa langue natale avant de relever les yeux sur la dite cellule.

Une sorte de bureau, pas véritablement terminé semblait-il. Fronçant les sourcils en constatant l'eau et la miche de pain qu'elle se refusa dès lors à toucher. Avisant la couverture verte au sol avant de se relever prestement, avant de sentir quelque chose sous sa botte. Baissant le regard pour venir récupérer l'objet en question entre ses doigts. Ca, ça pouvait être utile. Mais elle doutait fort qu'on ne la laisse seule trop longtemps ici...
Récupérant la pointe de la couverture, y enfonçant le clou avec rapidité pour qu'il ne soit plus visible à l'oeil nu. Au moins, il pourrait toujours servir. Peut-être.

Relevant les yeux vers la bouche d'aération, fronçant les sourcils. Bien incapable de relever ses mains pour tenter d'y sentir un air quelconque, hésitant avant de se rapprocher de cette dernière.

Hau ? le salut Lakota fut prononcé un peu fort, un peu perdu dans ce silence assourdissant. Des fois que quelqu'un ne l'entende... Bien qu'elle n'y croyait pas une seconde. Reculant avec lenteur avec de venir se coller au mur, croisant les bras contre sa poitrine. Les sens en alerte, au cas d'une arrivée surprise.

Spoiler:

Le silence dans la cellule est assourdissant, et lui laisse beaucoup trop de place pour penser. A Selene, évidemment. Elle ne l’a pas entendue reprendre conscience depuis l’accident et manifestement, elle a été emmenée ailleurs. Où ? Juliet l’ignore. Et cette idée la rend folle. Elle s’interroge également sur l’état des autres, mais sans cesse, c’est l’image de Selene qui revient.

Soudain, un son résonne dans la cellule vide. Redressant la tête, surprise, Juliet tourne la tête pour identifier la provenance. Elle n’aperçoit qu’une bouche d’aération, seule autre ouverture dans les murs, en plus de la porte. Malgré la déformation métallique du conduit d’aération, la voix qui lui parvient reste identifiable.

- Nihima ? Tu vas bien ? Tu es où ?  

Ce n’est pas Selene mais tout de même, entendre une voix amie fait monter en elle un soulagement intense.

Spoiler:

L'écho était remonté jusqu'à elle comme une voix d'outre tombe. Elle en aurait presque sursauté en reconnaissant la voix de Juliet. Jetant un bref coup d'oeil à la porte avant de se rapprocher à nouveau de l'aération, sentant ses inspirations plus franches maintenant qu'elle reconnaissait la voix d'une alliée.

Les esprits n'étaient finalement jamais très loin pour entendre ses prières, semblait-ils. Bien qu'ils aient parfois un curieux sens des priorités.

Ca va. Rassura t-elle d'office la blonde à travers le conduit, reprenant. Je suis dans une espèce de ... prison moderne. Je crois. Et toi ? Ou es tu, tu es blessée ? Tu es avec quelqu'un ? s'était-elle enquise en enchaînant les questions. Peut-être Selene? Raina ? Mais la voix de leur geôlier avait parlé de cellules. Et si il n'avait fait que les séparer ? Il était de toute manière impossible de le savoir dans l'instant précis.

Il faut s'assurer qu'on ne surprenne pas nos conversations. Après tout, elles restaient en territoire ennemis. Qui pouvait dire si les autres n'étaient pas au courant de ces téléphones improvisés que faisaient les conduits ?

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Le poids qui s’envole de ses épaules ne la libère pas totalement, mais lui permet déjà de mieux respirer. Elle croit Nihima sur parole, n’ayant de toute façon aucun moyen de vérifier ses dires.

- Moi aussi, les murs sont blancs et y a aucun meuble. Juste une chaise, de quoi boire et manger, et une couverture.

Elle ne précise pas qu’elle n’y a pas touché. Cela tombe presque sous le sens, dans la situation désastreuse dans laquelle elles se trouvent. Ne rien accepter qui vienne de l’ennemi, sans qu’il l’ai goûté au préalable. Et même ainsi, le doute reste permis.

- Juste mes côtes, pendant l’accident… Je crois qu’elles étaient pas super bien remises de la dernière fois, ajoute-t-elle avec une pointe d’amertume. Je suis toute seule. Toi aussi ?

Cette idée n’est ni rassurante, ni inquiétante. L’entre-deux est cependant suffisamment anxiogène pour qu’elle sente sa gorge s’assécher encore. Nerveuse, elle passe sa langue sur ses lèvres parcheminées, hochant la tête à l’injonction de la lakota.

- Ça marche, dit-elle, un ton plus bas. Puis, après une petite seconde d’hésitation… Tu crois qu’on est où ?

Rien ne leur permet d’affirmer quoi que ce soit, et la multiplication de leurs ennemis dernièrement complique considérablement la tâche. Il pourrait s’agir des derniers restes du groupe de Dread, qui n’auraient pas pris part à l’échauffourée de l’aquarium, comme d’une autre bande de mercenaires engagés pour s’en prendre à eux. Une dernière hypothèse résonne dans son esprit, à laquelle elle refuse encore d’accorder du crédit.

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