Elle avait laissé Corray et Juliet prendre le relais, glissant entre le siège et la vitre brisée pour parvenir difficilement à s'extirper hors du véhicule. Ne pouvant retenir un cri de douleur quand elle dût se plier pour se relever et que son torse sembla encaisser dix fois la douleur, continuant de s'extraire hors de l'épave en ramenant ses jambes contre elle. Ce fût le bruit de moteur qui lui fit rouvrir les yeux, alors qu'elle relevait la tête en direction du bruit.

On est pas seuls. grogna t-elle à l'attention de Raina qui suivait sa course en extérieur, déjà tournée pour aider à sortir Selene de l'épave. Mais déjà, les nouveaux venus étaient sur eux alors qu'elle peinait à se remettre debout sur ses jambes. Elle terminait tout juste de se relever que déjà, l'un de ces types en armure la mettait en joue.

Sur l'instant, elle ne put s'empêcher de penser avec une ironie certaine à ce qu'avait demandé Dread.

Pourparler.

Et si l'idée de le dire à voix haute l'effleura un instant, elle n'en fit rien. Immobile, ses yeux noirs braqué sur le nouvel ennemi qui s'offrait à elle.
Jamais un Lakota ne suppliait. Pas même dans la pire des situations. Se contentant de rester parfaitement immobile, mâchoire contractée sans quitter des yeux les nouveaux arrivants.

Spoiler:

L’amazone s’extirpe de la voiture, entrainant son arc défait avec elle. Mais il ne lui faut pas longtemps pour comprendre qu’ils sont loin d’être seuls. Des portières qui claquent, un deuxième bruit de moteur. « Eh merde. » Jure-t-elle entre ses dents. Nihima s’est extirpée elle aussi, s’élance pour se mettre à couvert et peut-être les protéger au besoin. Il ne leur restait pas beaucoup de temps, le piège se refermait sur eux et leur fenêtre de manœuvre s’amenuisait de secondes en secondes.

Alors Raina s’avance, vers la place de la conductrice pour essayer d’extirper Selene de la voiture, mais comme pour la sienne, la ceinture de sécurité refuse de céder malgré les nombreux efforts de l’amazone pour l’en libérer, elle n’a pas le temps de prendre son couteau dans la poche pour essayer de la déloger plus rapidement qu’elle entend un click reconnaissable entre mille juste derrière elle. En douceur, elle lève alors les mains et se redresse en essayant de faire le moins de geste brusque possible. De l’autre côté du véhicule, elle voit la Lakota, tenue en joue également. Serrant les mâchoires, elle n’a pas besoin d’évaluer ses chances pour deviner qu’il ne valait pas mieux riposter… pour le moment.

Spoiler:

Malgré ses appels, Selene reste inconsciente. Aussitôt, mille scénarios catastrophes s’échafaudent dans l’esprit de la cavalière. Elle pourrait souffrir d’un grave traumatisme crânien, son cerveau se trouvant lentement mais sûrement comprimé par une hémorragie cérébrale. Ou alors, une artère s’est rompue dans son abdomen et elle se vide lentement de son sang sans que Juliet ne s’en rende compte. Peut-être que le pouls qu’elle parvient à sentir n’est qu’une illusion, un écho de son propre cœur affolé, et que Selene est déjà morte…

Chassant la bouffée de panique qui escalade lentement sa gorge, elle ne remarque pas immédiatement que Nihima et Raina s’extirpent du véhicule fracassé. De la même manière, il faut un instant de trop à son cerveau pour interpréter le bruit qu’elle entend comme étant celui d’un moteur – et encore une seconde pour comprendre qu’il s’agit de la voiture qui les a percutés. Les bruits de pas sur le verre brisé n’arrangent pas son angoisse et lorsque Raina se penche pour aider à faire sortir Selene de ce piège, elle lance un regard suppliant à la métisse.

Mais celle-ci est contrainte de se relever, sans doute menacée par l'un des inconnus, et elle disparaît lentement de son champ de vision. Affolée, Juliet se saisit de son couteau, prête à défendre Selene si l’un des inconnus s’approche. Pourvu que de son côté, Corray se débrouille sans elle – car elle n’est déjà pas certaine de parvenir à protéger la blessée, contorsionnée comme elle l’est dans l’habitacle exiguë et compressé du pick-up.

Spoiler:

Elle resta impassible quand il retira sa cagoule, ses yeux noirs désormais ancrés sur ceux de l'homme qui la tenait en joue. C'était comme si le temps se rallongeait, la ramenant à cette seconde précise elle l'avait rencontré. De cette fois ou l'odeur de la poudre et du sang mélangés avaient abreuvé la terre. Son regard bifurquant vers Raina, lisant dans ses yeux la même sensation qu'elle éprouvait.

Elles savaient.  

Et si le temps était passé, le souvenir restait encore vif dans leur mémoire. Toujours immobile alors qu'il exigeait leurs armes à toute deux, évoquant les blessés encore dans la voiture. La tentative de faire quelque chose de stupide était tentante. Mais combien de balles viendraient la percuter, en retour ? A nouveau, son regard dévia sur Raina, alors qu'elles songeaient toute deux à la même chose.

Mutique, alors qu'elle ramenait son regard sur lui. Ne le quittant pas des yeux alors qu'elle laissait tomber au sol son tomahawk. Puis, son arme à feu. Enfin, le couteau. Si sa veste en cachait une partie, le risque qu'ils ne viennent la fouiller était bien trop grand pour qu'elle ne tente de jouer les fortes têtes. Elle savait encore quand il valait mieux faire profil bas. Et le bruit mat du côté de Raina indiquait qu'elle faisait de même.

Spoiler:

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Mâchoires crispées et regard assurément noir, il y avait malheureusement trop de risques – pour elle-même et pour les siens – d’être blessés ou pire, si elle tentait quoi que ce soit. Leurs assaillants étaient plus que préparés, sans trop bouger, elle les observait eux et leur équipement. Ils avaient tous les cinq foncés droit dans un piège sans en avoir ne serait-ce qu’un soupçon de conscience. Et puis l’un d’eux enlève sa cagoule et le regard de l’amazone s’assombrit encore. Ils auraient mieux fait de le tuer quand ils en avaient encore l’occasion. Sa présence en ces lieux n’augurait rien de bon, un problème plus grand encore qu’ils n’auraient pu le soupçonner. Et quand Nihima tourna son regard vers elle, Raina hocha imperceptiblement la tête. C’était bien trop gros pour elles deux, leurs amis toujours dans l’habitacle de la voiture, réagir ne serait que suicide.

Alors, quand on leur demande de poser leurs armes et de les éloigner, c’est à contrecœur que l’amazone dépose son arc aux pieds de ses ennemis, ainsi que son glock et son couteau de chasse, non sans faire suffisamment de bruit pour que leurs amis à l'intérieur comprennent que l'heure n'est pas à la bataille. L’heure n’était pas aux tentatives désespérées et puisqu’elle n’était équipée d’aucune lame dissimulée, Raina ne disposait de plus rien d’autre que de ses poings et de sa hargne bouillonnante à l’intérieur, qui attendrait son heure pour agir – en temps voulu.

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