Pendant qu’elle s’équipe, l’amazone écoute les dires de sa complice. « Les cris de Corray venaient d’en haut… » Dit-elle, alors que le souvenir lugubre de sa torture lui revenait à l’esprit. « S’ils ont pris Juliet, c’est parce qu’ils savent qui elle est pour elle. » Et ça n’augurait absolument rien de bon – bien qu’elle était encore loin d’imaginer l’horreur qui s’était déroulée dans cette infirmerie. Penser à ce qui a pu, ou est en train de se produire ne les aiderait de toute façon pas. Il leur fallait bientôt avancer, et retrouver les leurs. Mais avant ça, la Lakota lui désigna du menton sa victime.

« D’autres viendront. » Admit-elle, en désignant le garde étendu là, au sol. « Tu peux m’aider ? On va le mettre dans ta cellule, sous la couverture. » D’un signe entendu, la Lakota l’accompagne pour trainer le poids mort jusqu’au fond de la cellule. Sans ménagement, l’amazone plie ses jambes et le met en position fœtale avant de le couvrir avec la couverture de Nihima. Elles sortent ensuite, et Raina prend le temps de verrouiller la porte de la cellule.

« Il faut refermer la mienne également, ça nous fera gagner du temps s’ils ne découvrent pas de suite qu’on s’est échappée. » Elle l’invite à la suivre et rejoint sa cellule laissée entrebâillée. Un tour de clé et la voici également verrouillée. Elle enfuit ensuite le trousseau dans sa poche, pour éviter qu’elles ne fassent trop de bruit. « Te souviens-tu par où ils t’ont emmené ? C’est peut-être une première piste. » Suggère-t-elle ensuite, maintenant que les lieux étaient débarrassés de toute trace de lutte et de cadavre compromettant.

Spoiler:

Guidées par les souvenirs de Nihima, les deux femmes tentèrent dans un premier temps de rejoindre l’infirmerie, où la Lakota avait été tenue captive avec Selene. Mais en remontant les couloirs, une certaine agitation les força à rebrousser chemin. Les hommes semblaient agités, avaient-elles déjà été découvertes ? Quelque chose s’était produit, et l’amazone n’était pas certaine que ce soit uniquement lié à elles, jusqu’à ce qu’elles surprennent un garde annonçant qu’elles n’étaient plus dans leurs cellules respectives. Merde.

Rebroussant chemin, les deux femmes décidèrent finalement de descendre, encore, jusqu’à atteindre un parking sombre, avec quelques rôdeurs présents. Jusqu’ici, elles étaient parvenues à leur échapper, mais Raina restait prudente, prête à défendre son amie qui n’était pas encore totalement au top de sa forme. A l’abri – pour le moment – les deux femmes souffraient du froid mordant des lieux, et de la faim grandissante qui les affaiblissaient. Mais prendre le risque d’avaler cette nourriture n’était pas dans leurs habitudes, ni à elle, ni à Nihima. « On n’est pas suffisamment équipées pour ce qui nous attend à l’intérieur. Je suppose que tu n’as pas une idée de leur nombre, toi non plus. » Elle n’arrivait même pas à déterminer la taille du bâtiment. Partir en guerre de la sorte risquait de les mener au suicide, sans la moindre chance de pouvoir sauver leurs amis. « Il faudrait pouvoir s’armer… un peu mieux que ça. » Elle regardait hors de leur abri, pour s’assurer qu’elles étaient toujours en sécurité pour le moment. Et puis elle se tourna vers la Lakota. « Comment tu te sens ? » Demanda-t-elle, sur un ton neutre. Ce n’est pas qu’elle ne s’inquiétait pas, au contraire, mais elles savaient toutes les deux que leurs sentiments n’avaient pas leur place dans ce contexte-ci.

Spoiler:

Le chemin vers Selene avait été annulé rapidement, quand l'agitation leur avait laissé entendre que quelque chose se passait, dénonçant rapidement l'absence de leur cellule. Désormais coincées dans ce parking à l'abandon depuis un trop long moment, alors que son corps commençait à souffrir du froid et de la faim, concentrée pour interdire formellement à chacune de ses cellule de grelotter, ou se plaindre. Cette souffrance physique valait bien mille fois, celle qu'Oliver lui avait imposé dans cette infirmerie. Et d'une manière ou d'une autre, elle terminerait ce qui avait été commencé à Georges.

Mais Raina avait raison. Dans leur état, elles n'étaient pas suffisamment équipées pour se permettre de s'aventurer à l'improviste vers l'infirmerie ou ailleurs. Quand à leur nombre... Suffisamment pour qu'on ne fasse pas le poids en utilisant la force. Avait-elle murmuré à sa partenaire en restant accroupie derrière la voiture qui leur servait d'abri temporaire, veillant à ce que les râles des morts ne se rapprochent pas de trop.

Va pour les armes. Il faudra au moins ça pour leur tenir tête... et peut-être une ruse ou deux. Mais dans cet environnement dont elles ignoraient tout, était-ce envisageable ? Son regard se tourna lentement vers la brune alors qu'elle demandait des nouvelles de son état, se contentant d'hocher la tête silencieusement. J'ai connu pire. Elle avait survécu à plus que ça. Les poings d'Oliver s'ils étaient puissants, ne valaient en rien la douleur infligée par les crocs acérés des chiens venus lui briser les os.

Il faudrait trouver un moyen de retourner à l'intérieur sans se faire voir. Mais de quelle façon... Ils connaissaient leur visage, désormais. Tuer un ou deux garde pour prendre leur équipement ne serait sans doute pas suffisant.

Les voilà donc forcées de retourner à l’intérieur par une porte dérobée – fenêtre, plus précisément. Il leur faut bien tenter leur chambre. Raina arrive la première à l’intérieur, aidant Nihima à se hisser à son tour. La Lakota encore sur le rebord de la fenêtre, l’amazone lui intime le silence d’un doigt devant ses lèvres avant de lui indiquer l’homme endormi sur l’un des lits. Raina s’apprêtait à s’avancer, dans le but de l’assommer mais derrière elle, Nihima cogne quelque chose et l’homme émerge de sa sieste. Pour la discrétion, c’était raté.

Sans plus attendre, l’amazone s’élance avec son couteau dans les mains. L’homme est un peu lent, du fait qu’il se réveille à peine mais sa force est réelle. Elle n’a pas beaucoup de temps, plus vite ce serait réglé, plus elles auraient des chances de ne pas se faire repérer d’emblée. L’amazone se jette sur l’homme et le renverse, roulant au sol avec lui. Gardant le dessus elle le blesse à l’épaule, sans qu’il ne puisse intervenir. Les coups qu’il tente de rendre sont amortis par le gilet pare-balle, et Raina tient le choc, à califourchon sur lui, prête à recommencer encore à le planter avec sa lame alors que le gars lui attrape son bras pour l’en empêcher.

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