Forcément que ça allait pas lui plaire. Pourquoi est-ce que j'essaie encore de croire que ce que je vais dire va fonctionner? Franchement, prochain coup je me contente de l'envoyer se faire foutre et puis tant pis. S'il veut des infos, va falloir les mériter. S'il pense que je vais tout lui dire simplement parce qu'il le demande, il peut toujours aller téter un ours.

Le problème c'est que je sais pas ce qui est pire. Cette serviette mouillée qu'il me colle sur le visage et me bloque les voies respiratoires, le fait qu'il me tienne la tête en arrière ou qu'il me colle en prime des coups dans le diaphragme. J'ai l'impression d'asphyxier et c'est vraiment horrible comme sensation. Ok, je pense que maintenant je sais que je voudrais surtout pas mourir noyer. Voilà, ça fait partie de ma liste.

Je suis essoufflé et j'arrête pas de tousser à cause des coups qu'il me met. Il se rend compte que comme ça j'arriverai jamais à lui répondre? Mais je crois que j'ai pas trop le choix. Apparemment... Là tout de suite... J'me fais tabasser! Ma voix est saccadée, entrecoupée par les moments où je galère à trouver mon air et ceux où il me frappe. J'en ai presque la nausée, à cause de la douleur. Mais il faut que je tienne bon. Je suis pas une putain de balance.

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Ils lisent dans les pensées ces cons ou quoi? Je pense au fait que je veux pas finir noyer, et il suffit d'un sifflement pour qu'un deuxième type se ramène avec un bidon de flotte. Wow, en plus ce type avec le crâne rasé... Franchement, il a un crâne plus brillant que mon avenir lui. Mais merde, pourquoi je pense à ça moi? C'est tellement pas le moment.

Par contre là, ça devient atroce. J'me fais forcément tenir la tête en arrière et le problème c'est que comme le flux d'eau qui me tombe sur la gueule est constant, j'arrive absolument pas à respirer. Et quand j'essaie de le faire par réflexe parce que mon corps réclame de l'oxygène, je bois la tasse. Ce qui me fait tousser, encore une fois, et grimacer à cause des coups que l'autre m'a fichu tout à l'heure.

Encore plus essoufflé, je suis obligé de prendre quelques secondes quand enfin ils me laissent reprendre mon air. On dirait que je viens de courir un marathon, sérieusement. Je secoue un peu la tête pour essayer de dégager l'eau qui dégouline sur mon visage et je me redresse ensuite pour regarder le nouvel arrivant. Là, je crois que mes nerfs craquent un peu sur le coup. Avec la douleur et l'asphyxie temporaire... J'pense que certains de mes quelques pauvres neurones viennent de griller. Un petit rire assez faible pourtant m'échappe et je penche la tête sur le côté. Joli crâne... Pas trop chiant le polissage? Tu prends quoi, du cirage à chaussures?

Ils vont me buter. C'est clair.

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Aïe. Mon nez. Je grogne à cause de la douleur et sens immédiatement le sang qui me coule sur le visage. Bah oui, bien sûr, je respirais déjà tellement bien avant pourquoi s'arrêter là? Je bouge un peu ma bouche histoire de faire bouger mon nez et voir si c'est cassé ou pas. Bon, je douille mais c'est pas au point de grimper au plafond. C'est qu'il doit encore être entier, c'est déjà ça...

Je penche la tête d'un côté puis de l'autre pour faire craquer ma nuque, parce que ça fait pas du bien de se faire tenir tout le temps la caboche en arrière non plus. Mais même si le coup m'a un peu aidé à reprendre mes esprits et arrêter de divaguer quelques instants, c'est pas pour autant que je vais arrêter de les faire chier.

Faisant mine de réfléchir quelques instants, je penche la tête en arrière pour regarder celui qui est là depuis le début avant de la redresser pour poser mes yeux sur Monsieur Propre là bas. Hm... Au fait, c'était quoi déjà la question? On s'amuse, on s'amuse mais... Avec tout ça, j'en ai des trous de mémoire! Un jour j'apprendrai à pas chercher la merde encore plus...

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J'aurais pas dû dire ça. Apparemment, ils sont bien plus patients que je le pensais. Et ils ont décidé de m'avoir à l'usure. Je saurais pas dire si ça fait cinq minutes, cinq heures ou cinq jours qu'ils sont en train de continuer de me verser de l'eau sur la gueule, s'arrêtant uniquement au dernier moment avant que je tourne de l'oeil pour me laisser tousser et mieux recommencer ensuite.

Franchement, je vois flou et j'ai la tête qui tourne encore plus quand ils me redressent enfin. Mes poumons et ma gorge me brûlent d'avoir tant toussé et d'avoir avalé tant d'eau sans pouvoir rien y faire. Je pense sincèrement que si y'en avait pas un derrière moi pour me soutenir, je serais déjà par terre. Rien que rester assis, ça a l'air d'être un effort surhumain là tout de suite.

Le souffle court, épuisé et essoufflé, je me racle un petit peu la gorge plus par réflexe qu'autre chose. Un... Un avant-poste... C'est pour ça qu'j'étais là... J'ai la voix rauque tellement j'ai toussé. Et rien que prononcer quelques mots m'a l'air hyper difficile, vu comme mes poumons peinent à se remplir d'air maintenant qu'on les laisse enfin faire. Comme s'ils avaient perdu l'habitude.

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