La situation devenait de plus en plus inquiétante malheureusement. J’ignore depuis combien de temps nous étions dans l’antre d’Hel mais même moi je commençais à sentir la fatigue et la lassitude. La faim nous tenaillait tous, nos maigres réserves commençait à chuter dangereusement.

Dans notre malheur, les dieux nous ont envoyé de l’aide, un présage peut-être, en la présence de quelques rats. Guidé par la faim et la nécessité, j’ai réussit à en attraper plusieurs, ils était gros, assez pour tromper la faim de six personne pendant quelques temps. «  Odin est avec nous ! » Se posait encore la question de comment les manger, impossible de pouvoir les manger cru… À l’aide de mon couteau, j’en ai vidé un et puis je l’ai empalé sur la lame. Avant de le mettre au feu d’une des torches pour le cuir. Ce n’était pas très ragoutant ni même très bon, mais au moins c’était des protéines.  Et j’ai regardé Isalin avec des gros yeux quand elle a fait mine de ne pas vouloir le manger.

Lorsque j’ai vidé le second, mon couteau a dérapé et j’ai projeté une longue trainée de sang sur le t-shirt de Tomeo. Pourquoi ça m’est arrivé ? Car j’ai rigolé en entendant la devinette d’Andrea… « Désolé Tomeo… Heu du coup, Je dirais…Duncan. À tout hasard. » Ç’était bien le jeu des devinettes, ça allait nous occuper et avec la nourriture chaude, ça ne pourrait que nous mettre un coup de boost.

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- Aaaaah mais c’est archi dégueu, s’exclame-t-elle en voyant tonton weirdo choper des rats.

Vraiment, elle aime beaucoup Tomas, mais il va falloir qu’ils aient une discussion sur certaines de ses coutumes. Certes, ils ont faim, les quelques provisions qu’ils avaient sont déjà consommés, mais… quand même ! Isalín a bu direct à la gouttière, sans savoir d’où provenait l’eau mais là, c’est quand même un autre niveau.

- L’Homme peut tenir trois semaines sans manger, non ? On peut pas s’dire qu’il peut aussi attendre une semaine avant d’se mettre à manger des rats ?! Proteste l’adolescente en grimaçant.

Elle n’est généralement pas si volubile avec les adultes, mais le stress la rend effroyablement bavarde. Possible aussi que Kaya ait un peu déteint sur elle… les deux raisons sont valables. Dans tous les cas, elle n’a plus la tête à suivre le jeu – surtout qu’elle ne connait rien aux histoires d’amour des vieux – et se contente d’observer Tomas d’un air dégoûté.

- Beurk, commente-t-elle en voyant le sang gicler sur Tomeo.

En vrai… c’est aussi fascinant que franchement écœurant. Il y a quand même un détail qui la chiffonne quand elle voit le norvégien faire cuir son rat à la torche.

- Tu enlèves pas la peau ? On va pas manger les poils et tout aussi ?!

Là, ce serait niet, direct !

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S’il s’efforçait de ne rien en montrer, Rafaël fulminait quand même de s’être fait avoir de cette façon, d’autant plus vu leur attitude suspecte. Ca n’allait pas en s’améliorant, alors qu’ils s’enfonçaient dans les souterrains, sans vraiment savoir où aller. Mais, comme tout le monde, il mangea les rongeurs… il préférait crever parce qu’ils avaient la rage que de faim. La seconde option sera longue, lente et douloureuse. Et il n’avait pas envie de pleurer en appelant sa mère – ou son frère – parce qu’il souffrait d’hallucinations dues à la faim, la soif, la fatigue ou quoi que ce soit… Mais plus ils avançaient, plus il se renfermait sur lui-même, ne se montrant pas désagréable uniquement parce qu’il ne parlait pas. Déjà en temps normal, d’être enfermé sous-terre en sachant où il allait et quand il pourrait rejoindre l’extérieur et voir la lumière du jour aurait été difficile, mais là… Il se sentait suffoquer, et la panique commençait à le gagner progressivement. Son souffle se faisait plus court, même s’il essayait de s’obliger à inspirer et expirer longuement, et sa vue se troublait. Il ne captait pas vraiment ce qui se passait autour de lui, et il finit malgré lui par se laisser glisser au sol, plutôt livide, et pas franchement en état de continuer.

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Cela faisait une éternité qu’ils erraient là… Isaac avait donné sa dernière barre de céréales à Isalin, depuis bien longtemps et la faim les tiraillait tous. Le groupe trouva quelques idées pour s’occuper l’esprit. Et alors que ses coéquipiers se lançaient dans un jeu de devinettes, Isaac s’était mis à fouiller dans l’amas d’objets qui les entouraient. Il trouva alors un vieux carnet dans une valise, puis des livres. Intrigué par les signes qu’ils contenaient, cela fait un moment qu’il scrutait les pages d’un vieux livre, écoutant d’une oreille les conversations des autres. Pendant ce temps au moins, la faim le laissait tranquille…

Toujours occupé à feuilleter les livres, il releva brièvement les yeux pour apercevoir Tomas tuer quelques rats. Isaac referma le livre qu’il avait dans les mains avant de s’avancer vers les autres. Perplexe, il ignorait si c’était une bonne idée, de manger ces bestioles… Cela le rebutait un peu mais avaient-ils vraiment le choix ? En cuisant suffisamment les morceaux à l’aide de leurs torches, peut-être que cela ne serait pas si mauvais que ça… Le vieux Green approcha du norvégien avant de lui souffler« Si c’est le seul truc à se mettre sous la dent… » Il avait vraiment trop faim pour se priver d’un peu de nourriture…

Il se mit alors à aider Tomas à dépecer le dernier rat avant de relever les yeux vers Rafaël qui était silencieux depuis un moment. « Hé Rafaël ?! Ça va ? » Demanda-t-il avant de capter le regard d’Andrea, inquiet.

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L'idée de manger du rat n'enthousiasmait pas tout le monde, à raison sans doute. Mais c'était toujours mieux que mourir de faim. Soupirant un coup, Andrea tenta de se montrer rassurante. Elle poursuivit le jeu en esquissant un sourire :

Raté ! Je suis Nolan, ça se voit non ? fit-elle en essayant d'être légère, imitant vaguement le chirurgien avec son air constamment gêné du type qui essaie d'être suffisamment grand pour les responsabilités qu'il portait.

Convaincant ? Pas vraiment. Mais son show eut au moins le mérite de détourner un peu l'attention, pas suffisamment dans le cas de Rafaël. Andrea capta tout juste la conversation d'Isaac, quand un bruit sourd la força à relever les yeux au plafond. Et là, le pire... Une brèche se créait, le haut cédait après des années à ne pas être entretenu. D'un bond sur le côté, la métisse parvint à esquiver les gravats, mais la poussière soulevait par l'éboulement lui arracha une quinte de toux...

Merde ! Tout le monde va bien ? Demanda-t-elle précipitamment, inquiète forcément, espérant de toutes ses forces que personne ne se trouverait en-dessous les gravats.

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