En grelotant maintenant, Isalín lève les yeux sur Tomeo. Elle s’accroche à ce regard, à sa voix aussi, pour ne pas penser au reste. Il la rassure, ça marche – un chouilla. Un peu de courage encore. Ça, elle peut faire. Elle prend plusieurs grandes inspirations, non sans inhaler de la poussière, ce qui relance sa toux. Qu’importe, elle est prête. Ses poumons se gonflent encore une fois, les deux hommes soulèvent la pierre.

- Aaaaaaaah putaaaaaaiiinn !

Ça fait tellement mal ! Ses doigts ne lui répondent plus. Impossible de voir l’état de son bras à travers son pull sombre, elle a simplement l’impression qu’il a pris feu. Chaque expiration est soufflée bruyamment par la bouche tandis que le pompier soulève délicatement son membre pour l’examiner. A sa demande, elle l’aide comme elle peut. Et si elle veut quelque chose pour la douleur…

- N-non, ça va…, grogne-t-elle en serrant vaillamment les dents, je veux juste sortir d’ici…, ajoute-t-elle plaintivement en reniflant.

Ses prunelles se lèvent sur Andrea, un sourire fend même son visage couvert de poussière. Si elle n’avait pas encore eu la confirmation que les récits de Kaya sur l’afro-américaine étaient des bobards, c’est désormais chose faite. La tante de Ruben est incroyable, elle n’a pu qu’en avoir la preuve ces derniers jours.

- O-oui… vous pourrez tous dessiner dessus, se prend-t-elle à relativiser, sauf Tom-aïe, sa petite boutade à l’égard du norvégien est avortée par un pic de douleur.

Spoiler:

Il grimaça, inquiet, quand Isalín  se mit à crier. Il avait peut-être dit trop de trucs, mais... Enfin, pourquoi parler de couper son bras ? Rafaël était maladroit aussi, mais il lui parlait de l'aider le temps que tout aille mieux, il ne la paniquait pas, si ? Enfin, il n'était pas sûr qu'elle l'écoute, et c'était peut-être tant mieux. Surtout alors que Tomeo leur disait de se taire. Bon, il lui demanderait peut-être des conseils pour savoir parler aux gens blessés. Ou à Andrea. Elle s'en sortait bien, non, en parlant de son plâtre ? Même si les cris de douleur d'Isalín lui arrachèrent une nouvelle grimace de peur. Tout allait bien se passer, n'est-ce pas ? Inspirant longuement, il coupa son bâton en plusieurs morceaux, les tendant à Tomeo, et en tendant un à Isa, la forçant à le regarder. « Tiens, tu peux mordre ça. Et prendre ma main – elle résistera au choc, tiens là de toutes tes forces ! » C'était peut-être inutile mais... il essayait de faire de son mieux. « Et j’essaierai de faire un super dessin sur ton plâtre. Toi, avec une cape de superhéroïne, peut-être ! Mais sans couleurs dépareillées et sans collant moulant ! » Il lui adressa un petit sourire, pas très convaincant.

Tournant la tête vers Andrea, il la hocha à son attention, avant de revenir sur Isalín, « Je vais laisser Tomeo faire son boulot de super doc et je vais chercher le meilleur endroit pour sortir d’ici avec Andrea ! Pour qu’on rentre vite ! » Il n’était pas certain d’y croire, mais il espérait trouver une issue. Quelque chose qu’il puisse escalader, peut-être, qui soit assez stable pour le faire. Il pourrait envoyer une corde aux autres, si nécessaire, s’ils y arrivaient, Andrea et lui.

Spoiler:

Spoiler:

Elle était fatiguée et affamée. Difficile de ne pas le réaliser car après tout, ils souffraient tous de la faim, de la soif, et du manque de soleil aussi. Le fait de ne pas réussir à trouver une sortie par l'éboulement avait évidemment frustré Andrea mais que pouvait-elle y faire ? Un soupir lui échappa, elle était épuisé.

Quelqu'un a une idée de quel jour on est ? Demanda-t-elle alors, papillonnant des yeux, sentant ses épaules douloureuses et ses jambes aussi : De s'il fait jour en fait... Demanda-t-elle ensuite en soupirant... En sortant d'ici, je me trouve une montre...

S'ils sortaient un jour.

Il pesta, voyant qu’ils ne trouvaient aucune issue. Ça aurait été trop beau… Et, alors qu’ils avançaient inlassablement, toujours tout droit, sans savoir depuis combien de temps ils étaient là ni pour combien de temps encore ils seraient là, Rafaël sentait la soif et la faim le tirailler. Ses lèvres sèches – il n’aurait pas cru qu’elles pourraient se craqueler si vite, d’ailleurs – étaient plus que douloureuses, et les grondements de son estomac n’aidaient pas non plus. Pourtant, il avançait, et s’efforçait de rester concentrer. De penser à leur retour à Fort Nisqually, à leur sortie d’ici, à tout ce qui pouvait le motiver et l’empêcher de craquer. Il jetait de temps en temps un regard à Isalìn, pour voir comment elle allait. Il se sentait encore coupable, et il l’aiderait autant qu’il pouvait à avancer. Même s’il se sentait démuni sans son bâton, et qu’il serait sans défense s’ils devaient attaquer.

Il s’arrêta pourtant brutalement, alors qu’il menait la marche, son regard attiré par un scintillement. Se penchant, il ramassa un bout de métal, remarquant qu’il était illuminé par de la lumière naturelle ! Il avait vu le reflet de la lumière dessus et, relevant la tête, vit un amas de meubles, qui semblaient bloquer un passage. « Eh ! Si on les enlève, on devrait pouvoir passer. Regardez, il y a des petits traits de lumière ! On va pouvoir sortir ! » Sa découverte semblait lui avoir donné un peu d’énergie, et il commença à enlever les objets les plus accessibles. Ils allaient sortir ! Enfin 

Spoiler:

L’absence de lumière commençait vraiment à me manquer, les blessures, la faim et la soif. Un ensemble de facteurs qui prenait son dû sur les organismes et même mon moral commençait à descendre.

Sans compter qu’on devait prodiguer des soins à Isalin aussi vite que possible, son atèle de fortune ne faisait vraiment pas l’affaire. D’ailleurs, j’avais donné un de mes piolets à Raf, pour compenser la perte de sa lance, j’étais comme ça, soucieux de mes camarades. Mais même dans le noir le plus total, on pouvait y trouver un rayon d’espoir et c’est Rafael justement qui remarqua le trait de lumière. Il nous indiqua où nous pourrions retrouver la surface, juste des meubles à dégager.

Comme la dernière fois ! Alors je me suis élancé à l’assaut du tas, tant pis pour les échardes. Prenant un énorme bureau et en le tirant vers moi. Il vint dans un grand craquement de bois, agrandissant les rayons de lumière : « Quand nous serons rentré, je jure sur la tête de Loki que je serrerai ma fille dans mes bras, si fort qu’elle ne pourra plus jamais me quitter. »

Spoiler: