Parvenus aux niveaux des bureaux, Corray, Soo et Andrea tombèrent sur une pièce divisée en deux, probablement là où se prenaient les grandes décisions. Mais loin de vouloir vraiment faire le tour des lieux et émettre une critique sur la décoration, l'afro-américaine fit attention de rester silencieuse. A l'odeur de l'humidité se mêlait celle de la mort malheureusement, et elle n'avait aucune envie que Soo puisse se retrouver blessée à cause de ça. Ou pire. Ses yeux sondèrent l'endroit, et en dépassant les paravents, elle tomba avec un cadavre. Un vrai, pas le genre à pouvoir revenir à la vie.

Sans avoir été mordu, Andrea n'eut aucun mal à deviner ce qui l'avait conduit à mettre fin à ses jours. Car son crâne éclaté témoignait de la violence de sa mort. Avec méfiance, elle parvint à récupérer l'arme en écartant les doigts agrippés autour, et compta les balles après coups. Quatre. Vous voyez quelque chose ? Demanda-t-elle aux deux autres, qui étaient là eux aussi, et qui avaient de fait autant à faire qu'elle. Soo semblait intimidée par l'endroit, sans doute que les souvenirs qu'elle pouvait y avoir n'aidaient pas à se montrer aventureuse. Ce lieu était chargé d'émotion, pour sa mémoire.

Attrapant la main tendue par Ryan, Juliet se relève, un peu sonnée. Le souffle court, elle lance un regard de remerciements à son amie, pressant sa main pour faire passer le message. Merci, murmure-t-elle néanmoins, par acquis de conscience. Sans l’intervention de la jeune femme, qui sait ce qui aurait pu se passer. Rien de cassé, mais une jolie frayeur, répond-t-elle en déglutissant, contemplant les cadavres à leurs pieds. Elle n’avait plus eu l’occasion d’y être confrontée depuis un moment déjà, et n’était pas réellement pressée que cela se reproduise.

Un peu plus loin, Saseum achève le dernier des rôdeurs, et leur explique le plan d’action. Hochant la tête en silence, Juliet lance un coup d’œil au petit groupe qui se détache en direction des bureaux. Elle-même choisit de rester pour aider au chargement. Soyez prudents, glisse-t-elle à Ryan, alors que celle-ci s’éloigne avec les autres. Les regardant disparaître progressivement dans les entrailles de l’usine éventrée par le temps, Juliet frissonne, regrettant presque de ne pas les suivre. L’idée qu’il leur arrive quelque chose, et qu’elle soit trop loin pour intervenir, l’inquiète. Combien de fois ce scénario s’est-il produit, depuis le début ? Combien d’entre eux n’ont pas pu être sauvés parce que le medic était resté en arrière ? Juliet n’a aucune envie de porter ce poids sur sa conscience, et pourtant. Repoussant l’inquiétude qui lui tord l’estomac, elle tourne les talons, suivant Saseum, Lee et Devon à la recherche du chariot élévateur.

Rongeant la peau de ses lèvres, Juliet observe les garçons alors qu’ils s’acharnent à faire redémarrer le véhicule. Elle ne leur est d’aucune aide dans cette opération, et se contente de rester à l’écart, pour ne pas les déranger. Lorsque le moteur se met à ronronner, un peu capricieusement au début, puis plus régulièrement ensuite, elle pousse un soupir de soulagement. Saseum commence à dégager le passage, interrogeant en même temps le jeune homme. Je vais le guider, annonce-t-elle, sautant déjà dans le camion tout en indiquant au conducteur de se placer dans l’alignement. Au moins, elle a l’impression de ne pas être totalement inutile, et parvient à détourner son esprit de l’inquiétude qui la ronge pour ses camarades. Un peu plus à droite, dit-elle en criant un peu pour couvrir le bruit du moteur, sa main indiquant de toute façon la direction à prendre.

Spoiler:

Preston jure une nouvelle fois dans sa barbe. Sa blessure à la hanche est douloureuse. Il a bien essayé de la soigner lui-même mais il a probablement besoin de points de suture. Sans, il ne peut rien faire hormis changer les pansements régulièrement et serrer les dents.

Les mauvais coups s'enchainent depuis sa désertion il y a quelques jours à peine. Il est arrivé sans trop de difficulté à quitter le campement des New Eden. Il a seulement laissé une lettre à Armand, expliquant pourquoi il a choisi de ne pas rester avec eux. Puis, à la nuit tombée, il a profité de l'effervescence du retour proche à Walla Walla pour les quitter. Malheureusement, deux nuits après, alors qu'il avait trouvé refuge dans une maison abandonnée, Preston s'est fait agressé par un pillard. Il a eu le dessus sur lui mais l'individu a réussi à le blesser au couteau à la hanche. Depuis, il sent qu'il s'affaiblit, que sans aide, il risque de ne pas s'en sortir.

Depuis sa désertion, le brun s'efforce de mettre le plus de distance possible entre l'ancienne gare où les New Eden ont installé leur avant-poste, et lui. Alors qu'il marche péniblement dans la rue, il aperçoit plusieurs rôdeurs venir dans sa direction. Crotte. Preston fait demi-tour aussi vite qu'il le peut. L'ancien militaire évolue difficilement. Son sac lui parait de plus en plus lourd et son fusil lui tape désagréablement dans les jambes à chaque pas qu'il fait. Pourtant, il faut qu'il tienne, il n'a pas le choix. Il n'est pas en état de combattre des morts.

Au détour de la ruelle, il aperçoit un homme, debout sur... un camion militaire ? Un instant, il s'arrête, pétrifié, est-ce un ennemi ? Il ne reconnait pas un véhicule de New Eden, c'est déjà ça. Un instant, Preston a envie de faire demi-tour mais il est coincé. S'il doit retourner en arrière, il tombera inévitablement sur les rôdeurs et il n'est pas en état de les combattre. Il laisse échapper un soupir et finit par se rapprocher en levant les deux mains pour montrer qu'il n'est pas armé et que ses intentions ne sont pas mauvaises. « Excusez-moi ? » lance-t-il à l'inconnu. « Il y a plusieurs rôdeurs qui sont en approche. » Il montre la rue d'où il vient. Preston croise les doigts pour que l'homme ne tire pas à vue. Est-ce qu'il aura le temps de se mettre à l'abri si c'est le cas ? Pas sûre.

Spoiler:

Le gitan suivait Ryan de près : non pas qu’il n’ait pas confiance en ses capacités à se défendre - il ne savait pas vraiment ce qu’il en était - mais plutôt parce qu’il n’était pas prudent d’avancer seul. A deux, ils pouvaient couvrir les arrières l’un de l’autre. Ou alerter, s’ils avaient besoin d’aide. Bref, c’était bien plus prudent. « Je te suis. » Précision peut-être superflue alors qu’il lui emboîtait le pas, mais elle ne pourrait au moins pas être surprise de le voir à ses côtés. S’il observa davantage la pièce que Ryan, il n’eut ni le temps de voir les perles dont le sol était jonché, ni le temps de prévenir l’opératrice radio. Jurant silencieusement – ou presque – il n’eut guère le temps de réfléchir.

Et, contrairement à eux, le rôdeur aux orbites presque vides semblaient y voir parfaitement clair – ou, en tout cas, percevoir les sources de vie provenant de Ryan sans la moindre difficulté. Les mains du musicien se serrèrent autour de son bâton, l’effroi le prenant en voyant l’artiste en mauvaise posture, le mordeur se penchant dangereusement sur elle – heureusement, leur salive ne contaminait pas. N’est-ce pas ? Ce n’était pas un nouveau rôdeur, tout irait bien. Ryan avait-elle eu la chance de se faire vacciner ? Secouant la tête, il s’élança, écrasant violemment le crâne du mort-vivant, qui s’affaissa sur Ryan.

Grimaçant, il savait pourtant qu’il n’aurait pas pu lui éviter de sentir ce poids mort sur son corps. Il le dégagea toutefois d’un coup de pied, avant de se tourner vers son autre cible. Autant s’en débarrasser de suite, rapidement et en silence, pour ensuite avoir le champ libre. D’un pas vif, il s’avança jusqu’à la secrétaire rampante – comme si ses jambes ne la portaient plus. C’était très certainement le cas, d’ailleurs. Encouragé par sa réussite l’instant d’avant, il abattit à nouveau son bâton sur sa cible, à trois reprises, comme pour s’assurer qu’elle ne se relèverait pas. Il poussa même le vice à se pencher, pour retenir un haut-le-cœur en voyant la cervelle écrasée. Il y avait peu de chance. Rafaël espérait ne pas découvrir de nouvelles surprises sur les rôdeurs, en tout cas. Écœuré, il se figea volontairement, attentif. Il n’entendait rien qui indiquait une autre menace. Pour le moment.

Restant sur ses gardes, il s’approcha de Ryan et lui tendit la main, l’aidant à se relever. Elle était couverte de fluides – même s’il n’avait abattu son bâton qu’une seule fois, la créature putréfiée lui était tombée dessus, alors ça devait arriver… « Tout va bien ? » Il l’observa, comme pour s’assurer que ce sang n’était pas le sien. Et qu’elle n’avait pas été mordue. Hésitant un instant, il finit par lui tendre la gourde qu’il portait. « Si tu veux te nettoyer un peu… Pas totalement, bien sûr. Pas sans le priver de toute son eau, et encore. Tu n’as pas été mordue ? » Il était inquiet, autant pour elle que pour lui, si c’était le cas. Et il la ramènerait automatiquement à Juliet, si elle l’avait été. Ils auraient encore une chance de l’amputer. Ce ne serait pas le première, ça n’aurait rien de plaisant ni d’acceptable mais c’était toujours mieux que la mort. Si c’était possible.

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