Ryan crevait d’envie d’avoir un Twinkie. C’était une pulsion qui l’avait prise il y a deux jours, et dont elle n’arrivait pas à se défaire. De toute façon, elle avait bien conscience qu’elle n’avait aucune chance de trouver une pâtisserie mangeable actuellement… même si c’était bourré d’additifs et autres composants chimiques, c’était impossible qu’ils soient encore comestibles. Mais putain, elle aurait tué pour un Twinkie.

Pendant que Saseum sonnait l’heure du grand départ, elle s’était perchée sur le capot du camion militaire et remplissait soigneusement le barillet de son revolver. La langue coincée entre ses dents, les sourcils froncés, la jeune femme paraissait tout de même en meilleure condition physique que quelques semaines plus tôt. Si sa réunion avec Milow l’avait abattue moralement, elle avait fini par redresser la tête et décidé de continuer à avancer. Elle ne pouvait pas se morfondre indéfiniment. Et puis… et puis elle aimait se rendre utile, ici. Elle appréciait les gens qui l’entouraient et elle commençait à ne plus être autant dérangée par le fait d’admettre qu’elle avait besoin d’eux autant qu’ils avaient besoin d’elle.

Juste avant l’arrivée des autres, Ryan avait enlevé la bâche qui recouvrait l’arrière du véhicule et vérifié la batterie de son talkie. Ils étaient plutôt rares, surtout si l’on prenait en considération que le reste du camp en avait besoin au quotidien pour tourner. Comment est-ce qu’un garde à l’autre bout des barricades pourrait prévenir en avance le camp, sinon ? Avec un claquement de langue satisfait, la jeune femme rangea les dix balles restantes dans la poche avant gauche de son jean et se laissa tomber au sol pour rejoindre le groupe. L’épaisseur de son sweat à capuche humoristique lui apportera une certaine protection contre les dents pourries et les mains décharnées des cadavres ambulants… mais, il valait mieux être armé de manière à les empêcher de s’approcher. Son arme à feu était son dernier recours.

Elle rejoignit Juliet qui s’équipait, survola du regard les autres lames et se contenta finalement de poser sa main sur le couteau de chasse rangé dans l’étui à sa cuisse. Nihima lui avait conseillé de trouver une arme plus longue, mais pour l’instant elle n’avait pas eu de coup de foudre. Le poids du couteau était rassurant, familier. Et puis, vu qu’ils s’apprêtaient à prendre d’assaut une aciérie, elle supposait que l’espace serait confiné en cas d’affrontements… ce qui n’était pas si mal. Au moins, ils pourraient gérer plus facilement les rôdeurs, qu’ils soient boostés ou non.

Si Ryan n’a pas vu la danseuse trembler, son malaise n’était pas difficile à deviner pour son amie. Elle lui effleura doucement le coude en se rapprochant. « Tu sais que je mens rarement, alors si je dis que tout ira bien, c’est que ça sera l’cas, pas vrai ? » dit-elle avec humour, affichant un léger sourire. Elle pointa du menton leurs compagnons d’infortune. « Saseum et Cora ne nous exposeraient pas au danger s’ils n’avaient pas évalué justement tous les risques… Andrea ne serait probablement pas là non plus. C’est un boulot simple, du moment qu’on fonctionne par binômes. » De sa main droite, l’opératrice lui pressa gentiment l’épaule et s’adressa ensuite à Rafaël qui hésitait devant les armes et parlait de l’option amenée par Andrea. « Un flingue est toujours utile, mieux vaut l’avoir sur soi et ne pas l’utiliser que de le laisser derrière et se rendre compte qu’on en aurait eu besoin. Je suis d’accord avec Reyes, concernant l’aciérie. Mais je pense aussi que ça ne vaut pas le coup de décider maintenant… Je veux dire, autant y aller, voir ce qui reste et aviser ensuite. Elle haussa les épaules en rangeant son revolver dans le holster à sa taille. Peut-être qu’on ne sera pas les premiers. Ou qu’on arrivera à récupérer tout ce dont on a besoin. Dans le cas où il faudrait condamner l’usine, Saseum, tu penses que tu pourrais minimiser les dégâts tout en rendant l’endroit inopérable ? Tu connais mieux l’endroit que nous. »

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Transmission codée:

Ils ne devraient pas nous poser de soucis, souffla-t-elle à l'égard des autres, vis-à-vis des New Eden. Elle l'espérait tout du moins. A sa prothèse, la brune raccrocha son couteau à sa prothèse pour pouvoir se préparer. Vérifiant un temps le chargeur de son arme, elle le remit rapidement à sa place et se tourna vers les autres : Mais si nous devons les rencontrer, les hommes devront parler, fit-elle simplement. On les connait maintenant, la voix d'une femme ne leur conviendra pas en réplique, simple question de bon sens.

Parvenus devant leur cible, Andrea se plaça en retrait, à proximité de Soo pour pouvoir agir rapidement si quelque chose lui arrivait. Elle voulait que sa fille soit protégée évidemment. La conduire ici était dangereux, mais elle avait besoin aussi de ça pour avancer, et se découvrir en tant qu'adolescente, prochainement adulte. Saseum connaissait mieux les lieux, aussi était-il logique qu'il guide l'équipe. De toute façon, la première déconvenue fut toute proche : l'espace était occupé.

Chier, grogna-t-elle. Agissons en silence... Surtout si on ne sait pas ce qui se cache à l'intérieur, fit-elle aux autres.

Et au premier contact, l'afro-américaine fut un peu prise de court. Premier mort repoussé sans être achevé, le second manqua de lui tomber dessus. Elle parvint à s'extirper, sans que sa lame puisse atteindre son cerveau.

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Le gitan hocha la tête aux propos de Ryan : elle avait raison, évidemment. Au mieux, il n’aurait pas besoin de l’utiliser. Au pire… il l’aurait sur lui, au moins, même s’il n’était pas des plus à l’aise avec l’arme à feu. Il prit donc le revolver, l’attacha à sa taille, son bâton attaché dans son dos. Il avait aussi pris un petit couteau, pour perforer le crâne des rôdeurs pour les achever. Sans rien ajouter aux propos de la jeune femme ou à ceux de Saseum qui confirmait qu’ils verraient sur place selon la situation s’ils condamnaient ou non l’usine, Rafaël monta à bord du camion prévu pour le trajet, sur un des bancs à l’arrière. Si cela s’avérait nécessaire pour une raison ou un autre, il pourrait tirer, d’ici. Ça n’aurait pas été le cas dans l’habitacle. Il regarda sombrement Andrea, quand elle évoqua les échanges avec New Eden – lors de leur alliance avec eux, tout s’était bien passé, mais la venue d’Oxana et la réaction de certains d’entre eux lui avait laissé un goût amer.

Alors qu’ils attendaient que Saseum ouvre la porte, Rafaël restant non loin de Saseum au cas où – ayant couvert son nez et sa bouche d’un tissu pour se prémunir des spores si tant est que ça suffise, et ayant l’air parfaitement ridicule comme ça d’ailleurs – il saisit son bâton, prêt à repousser et attaquer les rôdeurs qui pourraient se trouver là. S’il était en première ligne, il était alerte, et éloigna tant bien que mal l’un des morts-vivants de lui, abattant avec force son bâton sur son crâne. Ça devrait être suffisant, mais il le transpercerait après...juste au cas où. Des fois que ce soit ces rôdeurs dopés, même s’ils semblaient moins agiles et moins rapides. Alors qu’il essayait de s’en prendre à un second, son bâton traversa son flanc, Rafaël n’ayant pas assez d’espace pour le lever et l’abattre sur son crâne.

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Lançant un regard en coin à Ryan, Juliet ne peut retenir un rire sarcastique. Tout ira bien… jusqu’au moment où ça va déraper. C’est la loi de Murphy, tu connais pas ? Ces derniers temps, il semble que, justement, tout ce qui pouvait mal se passer dans sa vie s’est mal passé. C’est exactement ce qui est arrivé durant la dernière expédition à laquelle Corray et elle ont participé, et on sait comment cela s’est terminé…

Sans ajouter un mot, Juliet grimpe dans le camion avec les autres, se refermant sur elle-même durant une bonne partie du trajet. Déjà pas d’un naturel bavard et enjoué, cette sortie est loin de l’enchanter, et de la dérider. La jeune femme a conscience de ne pas être une compagne de route très agréable, mais pour être honnête, elle s’en moque. Elle n’est pas ici pour blaguer, non. Elle est là pour faire le job qu’on lui a demandé : les ramener en vie si quelque chose se passe mal, et si l’un d’entre eux est blessé. C’est pratiquement la première fois qu’elle est déployée en tant que médecin sur une opération, et cela ajoute à sa nervosité. Avec des nœuds au ventre, elle reste silencieuse jusqu’à l’arrivée à Seattle. S’attendant inconsciemment à sentir un autre véhicule leur foncer dessus…

Hochant la tête en entendant la mise en garde de Saseum, Juliet se prépare. Le corps à corps n’est vraiment pas sa spécialité, mais s’il faut être réaliste… rien n’est sa spécialité. La jeune femme n’est pas une combattante, loin de là, et n’y aspire pas particulièrement. Elle laisse la guerre et la mort aux autres ; elle se charge de la vie. Et, sans surprise, elle ne parvient pas à se débarrasser du premier rôdeur qui avance vers elle. Il semble encore frais, un type qui la dépasse d’au moins deux têtes et qui, malgré la décomposition de son corps, doit certainement peser plus lourd qu’elle. Juliet se retrouve rapidement au sol, se contorsionnant pour glisser au moins un pied sur la cage thoracique du rôdeur, et se tenir à distance de sa mâchoire. De toute évidence, elle va avoir besoin d’aide.

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